Avec Quelques gens de plus ou de moins, Fanny Bouyagui suggère un monde parallèle pour plonger dans "un panorama de la condition humaine".
Un mur d’images vidéo, des musiques électroniques, des caisses en bois, des ordinateurs...
Il faut abandonner sa réalité et s’en remettre à une série de chiffres aléatoire pour s’immerger dans les allées qui quadrillent le monde que propose Fanny Bouyagui. Chaque numéro correspond à une boîte, habitée par un personnage qui se raconte le temps d’un tête-à-tête sans filtre ni témoin. Seules les caisses choisies par l’algorithme sont visibles au cours de ce parcours individuel et fragmentaire mais tout entier traversé par les interférences du "monde extérieur" : un flux d’images de masse qui se mêle à des bruits ambiants et des voix d’opéra qui épousent en live des rythmes électroniques.
Seul face à un comédien et dans l’impossibilité de zapper, le spectateur-acteur est amené à vivre, et non à fabuler, une expérience singulière à la frontière du réel et de la fiction. Entre plaisir et souffrance, le spectacle devient un lieu pour affronter ses propres vérités, un monde clos qui nous laisse aux prises avec nos désirs et nos angoisses, notre franchise ou nos mensonges.
Pénétrer l’intimité d’un inconnu, est-ce du voyeurisme ou la possibilité d’une véritable rencontre dans un monde de plus en plus individualiste et en perpétuelle accélération ? Vingt-deux ans après la création de Quelques gens de plus ou de moins, qui fût un véritable choc artistique, cette "saison 2" prend le pouls des basculements tant technologiques que sociétaux et invite le public à jouer un véritable rôle dans ce spectacle à la frontière du réel et de la fiction.
Si elle part du quotidien, Fanny Bouyagui, la conceptrice de Quelques gens de plus ou de moins, ne porte pas sur ses personnages un regard documentaire ou psychologique. Avec une sobriété judicieuse, elle s’abstient aussi de tout commentaire superflu. Il ne s’agit pas pour elle d’ajouter un autre discours aux témoignages, mais de laisser deviner derrière eux le marmonnement du monde. Ici, rien d’anecdotique, de poétique ou de tragique, mais des histoires ordinaires, des personnes qui se croisent et partagent un moment de vie.
« D’une boite à l’autre, la plasticienne et metteuse en scène Fanny Bouyagui projette le spectateur dans une véritable dimension : l’intimité. » Sophie Cachon, Télérama
13, place André Maurois 67033 Strasbourg