A la lisière des mondes sauvages, tout près des grands bois, se trouve une cabane. Au fronton de ce refuge, conquis, morceaux par morceaux, de fenêtres en carcasses de voitures, de rideaux en échafaudages sur le monde des adultes, trônent ces mots sans équivoque : "Ma petite république". Ce territoire enfantin abrite d'étranges réunions. Quatre adolescents s'y réfugient, en cachette, pour leurs jeux les plus secrets. Cette nuit, ils ont quitté leurs chambres pour s'y retrouver une dernière fois. Comme prétexte à leur cérémonie d'adieux, ils se font du théâtre. Déguisés, ils jouent à Barbe-Bleue. Ainsi que tous les enfants, ils jouent d'une façon ouvertement théâtrale et pour de vrai. Que se diront-ils qu'ils n'aient encore jamais dit ? Que feront-ils qui ne pourra se défaire ?
"Exemple d'une réussite parfaite, là où Oedipe précisément échoue, le prince du conte démontre avec éclat, au cours d'une action fortement condensée, que la métamorphose de l'enfant en adulte est pleine de périls, mais possible, et qu'elle seule peut mener l'homme à ce haut degré de bonheur dans l'amour dont le conte fait son idéal humain."
Marthe Robert, Préface des contes de Grimm
Il était une fois un homme très riche et très laid qui avait épousé une jeune fille parfaitement belle. Un mois après leur mariage, devant s'absenter, il lui confie les clés de son château en lui interdisant formellement d'ouvrir la petite porte au fond du couloir. Un fois seule, elle s'y précipite sans délais pour y découvrir les corps de plusieurs femmes assassinées. A son retour, Barbe-Bleue, apprenant la désobéissance de sa jeune épouse, s'apprête à la tuer. Ses deux frères surviennent in extremis et tuent Barbe-Bleue. La fortune de ce dernier assurera à la jeune femme, ainsi qu'à sa famille, bonheur et prospérité.
Ce texte théâtral, dialogué, s'inspire librement du conte de Perrault dont il met en scène les quatre figures essentielles : deux soeurs, leur mère et Barbe-Bleue. La féerie du conte est ici relayée par une atmosphère onirique. En développant les rapports de l'héroïne, Zoé, petite fille curieuse et intrépide, et de son étrange mari, l'écriture sert une série d'actions et de rebondissements qui donnent du relief à la structure initiale du conte.
La pièce a été créée pour la première et unique fois en 1989, à l'occasion de l'ouverture du Théâtre des Jeunes Spectateurs de Montreuil - Centre Dramatique National.
François Lecour choisit de mettre en scène cette version optimiste de Barbe-Bleue qui parle des incontournables expériences qui séparent l'enfance de la maturité. Il met en scène un trio familial où les deux soeurs incarnent les attitudes antagonistes d'un même personnage. Pour devenir adulte et atteindre le bonheur amoureux, la petite fille devra affronter les angoissantes épreuves qui sont les conséquences de son désir et ainsi lever le voile sur sa part d'ombre. Quant au personnage de Barbe-Bleue, il nous rappelle que la condition de l'amour est de dépasser ses attachements égoïstes et infantiles. Il semblerait que c'est en acceptant la perte et en prenant le risque de mourir, que nous accédons à une vie pleine et épanouie.
François Lecour choisit de mettre en scène cette version optimiste de Barbe-Bleue qui parle des incontournables expériences qui séparent l'enfance de la maturité. Il met en scène un trio familial où les deux sœurs incarnent les attitudes antagonistes d'un même personnage. Pour devenir adulte et atteindre le bonheur amoureux, la petite fille devra affronter les angoissantes épreuves qui sont les conséquences de son désir et ainsi lever le voile sur sa part d'ombre. Quant au personnage de Barbe-Bleue, il nous rappelle que la condition de l'amour est de dépasser ses attachements égoïstes et infantiles. Il semblerait que c'est en acceptant la perte et en prenant le risque de mourir, que nous accédons à une vie pleine et épanouie.
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