La troupe chilienne Teatrocinema, créatrice de machineries théâtrales magiques adapte dans un univers proche de la bande dessinée le roman de Régis Jauffret et entraîne le spectateur voyeur dans les turbulences d’un esprit détraqué. En espagnol surtitré. Ce spectacle peut heurter la sensibilité de certains spectateurs.
Spectacle en espagnol surtitré. Attention, ce spectacle peut heurter la sensibilité de certains spectateurs.
« Ils m’ont expliqué qu’elle avait porté plainte contre moi pour viol. »
Les forces de police réveillent l’homme. On le secoue, on lui jette ses vêtements à la figure, on l’emmène. Il ne comprend pas pourquoi. On lui parle d’une femme. Elle s’appelle Sophie Galot, et elle a porté plainte contre lui, pour viol.
L’écrivain Régis Jauffret dissèque l’âme et sa propension à la torture. Prix Femina en 2005 pour Asile de fou, prix France Culture / Télérama et grand prix de l’humour noir pour Microfictions, le romancier échafaude dans ce roman une affaire de maltraitance ordinaire, aux lisières du fantastique. Son narrateur, professeur d’anglais sans nom, suit depuis le métro une inconnue dont il s’éprend, et qu’il violera, poursuivra, harcèlera sans cesse. Elle, interdite, muette, empêchée, fuit en vain le violeur amoureux. Elle deviendra sa femme, et la mère de ses enfants. Et l’homme parle en solitaire, en malade isolé, en anonyme violeur. Il décrit seul les plongées dans la mise à mal quotidienne de sa victime.
Anciennement nommée La Troppa, la troupe chilienne Teatrocinema, créatrice de machineries théâtrales magiques, choisit d’adapter le roman Histoire d’amour. Le metteur en scène Zagal et la compagnie organisent sur scène, en noir et blanc, des vignettes proches de la bande dessinée. Dans un story-board théâtral en mouvements et en contrastes, Histoire d’amour associe plusieurs formes narratives, théâtre, cinéma, BD, photographie et musique, pour entraîner le spectateur voyeur dans les turbulences d’un esprit détraqué.
Les créateurs de Teatrocinema invitent à une troublante incursion dans l’atrocité de la torture et du sadisme. Ici, l’amour du violeur devient même un ultime espace d’humanité pour sa victime.
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