A partir de 16 ans.
Esther, rescapée du génocide des Tutsi, dans sa cuisine à Bruxelles, attend la venue de ses filles. La dernière, Baba, va fêter ses 20 ans le lendemain même… « Tu as l'âge du génocide », lui dit sa mère, avec douceur et tristesse… Moment de grande joie pour cette famille qui aime rire et danser lors des anniversaires. Et bien sûr, intense moment de souvenir et de retour à la vie d'avant le génocide, pendant, et puis après… Esther prépare donc un gâteau pour cet événement...
Entre lucidité et poésie, ce monologue invite le public à un voyage dans un Rwanda ancestral et moderne à la fois d'avant 1994 où rites, traditions, croyances reliaient les uns et les autres, dans une culture commune. Et dans un contexte permanent de discriminations et d'impunité à l'égard des Tutsi - jusqu'au pire. La pièce aborde également la question de la réconciliation entre victimes et tueurs, après le génocide.
Mêlant récit, danse, vidéo, musique, Rwanda mais avant ? Et puis après. est un voyage en émotions entre Belgique et Rwanda, Europe et Afrique, hier et aujourd'hui… Et une grande leçon d'humanité.
Rwanda, mais avant ? Et puis après. est un solo théâtral adapté de SurVivantes écrit par Esther Mujawayo, rescapée de ce génocide, et Souâd Belhaddad, journaliste et écrivain.
En 1994, en cent jours, un million de Tutsi ont été exterminés. Dans une indifférence quasi totale. Le génocide des Tutsi d'avril est le dernier du XXe siècle. Les rescapé-es ont été les grands oublié-es de cette tragédie.
Notre rencontre avec Esther Mujawayo, a été une évidence, quasi déterminée. Tout dans nos vies, à l'autre bout du monde, elle au Rwanda, moi, en Algérie puis en Europe où j'ai grandi, nous a amené à une même vision du monde : l'Autre, c'est (aussi) moi. L'histoire de l'une aurait pu être celle de l'Autre, et toute histoire de discrimination, en tout lieu du monde, est nôtre.
Quand nous avons publié nos livres, il y a dix ans, il était urgent d'écrire pour transmettre la mémoire du génocide pour les défunts, pour les rescapés mais aussi contre les négationnistes. Ecrire noir sur blanc, dans une culture de tradition orale.
Aujourd'hui, avec le théâtre, vingt ans après, il est enfin possible de revenir à l'essence même de la culture rwandaise : l'oralité et le corps. Esther Mujawayo en est une grande inspiratrice. Tout dans sa gestuelle, son souffle de voix, doux et vif à la fois, teinté d'accent belge hérité d'études à Louvain La Neuve, ses expressions si imagées plongent le spectateur dans une réalité physique du Rwanda.
Le parcours d'Esther, c'est aussi le Rwanda des années ‘60, des collines sans eau ni électricité, de la cruche à remplir dès l'aube. Le lien étroit avec la nature, les heures de marche ; l'amour inconditionnel d'une famille et d'un époux. Ce sont les pogroms survenus en ‘57, en ‘63 puis en ‘73, leur impunité officialisée. Jusqu'à la solution finale.
C'est également la transmission de cette riche et ancestrale culture à ses trois filles, rescapées. Et le choix de ne pas léguer de haine en héritage.
Tout cela se doit d'être porté sur scène, via un corps, en images et en sons pour que la mémoire du Rwanda d'Esther, des rescapés, de leurs disparus deviennent trace artistique.
Avec Rwanda mais avant ? Et puis après., je tenais absolument à célébrer les victimes non plus seulement par leur seule perte, mais aussi par leur existence. Les individualiser : Une histoire, une vie, ses amours et ses ambitions, ses bonheurs et ses infortunes, ses forces et ses désespérances. Pour sortir de ce chiffre de un million et restituer de l'individualité à ces personnes défuntes. Pour moi, chaque rescapé-e est Une, Une.
6, rue Marcelin Berthelot 93100 Montreuil