Agnés Mateus et Quim Tarrida s’attaquent au fascisme, à la haine des étrangers, à l’oubli commode du post-franquisme. Grâce à l’alliance détonnante d’un propos frontal et d’un puissant sens de l’image, ce spectacle est un brûlot pop, un appel à la désobéissance et la révolte.
En espagnol surtitré en français
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Après le sexisme ordinaire et les féminicides dans Rebota rebota y en tu cara explota, Agnés Mateus et Quim Tarrida s’attaquent ici au fascisme, passé, présent et futur. La haine des étrangers, des voisins, de ce qui est différent, le drapeau brandi sous la dictature de Franco pendant quarante ans, l’oubli commode du post-franquisme, les petits arrangements contemporains : tout passe à la lessiveuse du duo catalan. Investissant le plateau avec sa puissance habituelle, Agnés Mateus n’épargne rien ni personne : du hurlement fasciste ordinaire à la manipulation d’une marionnette de Franco, ressuscité pour l’occasion, elle finit par nous rejoindre dans les gradins pour nous donner une leçon de corruption. Grâce à l'alliance détonante d'un propos frontal et d'un puissant sens de l’image et de la métaphore, Patatas Fritas Falsas devient ainsi un manifeste des temps présents, un appel à la désobéissance et la révolte. On en sort heureusement purgé et curieusement ragaillardi, comme si leur brûlot pop avait diffusé un antidote temporaire à l'impuissance et la résignation.
Laure Dautzenberg
76, rue de la Roquette 75011 Paris