Sinclair remet le chrono à zéro, solde les comptes, relève les compteurs. « Je veux repartir tout neuf. C’est vraiment sain après plus de dix ans de travail » dit-il. Il n’a pas farfouillé dans le fond du tiroir, là où s’entassent rognures et rogatons. Trop de bons morceaux étaient restés de coté « pour des raisons parfois douteuses, parce qu’ils ne rentraient pas dans le « ormat » ».
Mais Sinclair a sauté le pas. Laissant les « majors » à leur logique industrielle, il a repris son indépendance, a créé son propre label, pour avancer à son rythme vital. Et ce rythme, il le souhaite aussi soutenu qu’un riff de guitare funk. Risqué ? Sa tournée de début 2004 dit le contraire. Sans maison de disques, sans méga-plan de marketing, il s’est fait une petite visite « sold out » des clubs, en s’appuyant uniquement sur le fichier mail des fans. Puis il a attaqué des grandes salles et conclu début juin par un Zénith parisien bourré à craquer. Normal. La scène est, était et restera son terrain de jeu favori.
De quoi le rassurer, quand même. Comme tout artiste, Sinclair a besoin d’affection et de reconnaissance. Mais pas à tout prix et surtout pas au prix de son âme. Comme je suis, la chanson qui donne son titre à l’album, résume l’affaire : « J’ai pas envie qu’on me dise comment faut que je fasse/Pour être propulsé à la première place… » et continue « Mais pour ça il faut qu’on m’aime/Comme je suis et pas autrement ».
Alors, pour ce double album gourmand en forme de bilan, Sinclair a rassemblé, d’un côté, quatorze chansons « anciennes », classiques (Ensemble), inédits ou versions chères à son cœur (Votre image, L’épreuve du temps).
L’autre disque est entièrement composé de titres récents, pour la plupart enregistrés au studio du Palais des congrès, un lieu mythique des années 80 (les Stones et j’en passe…). Sa maîtrise du studio lui a permis de sortir des sentiers battus.
Sur ce disque-là aussi, on pêche des titres qui ne rentrent pas dans la petite case où on aurait bien voulu confiner Sinclair. Bien sûr, la syncope de la pulsation funk est présente, et le groove prend ses racines dans la musique noire des années 70, mais les mélanges deviennent moins identifiables. Que dire, par exemple, de l’instrumental Twilight Avenue où de doux cuivres, des cordes en volutes, un piano mélancolique et une guitare surtrafiquée égrènent une mystérieuse BO ?
« Il fallait que je sorte tout ça maintenant. Je n’ai plus vingt ans (34, en fait). Ca me pousse, comme un geyser. Quand on a le truc, il faut aller à fond. J’y vais. » Alors il travaille déjà sur un nouvel album, qu’il espère achever en début d’année, avec un son plus brut et spontané. Et il attend déjà sa prochaine tournée, au printemps 2005. D’ailleurs, il se voit bien adopter un rythme annuel : tourner « de mars à août », peaufiner ses disques et profiter de la famille le reste du temps. Pépère ? « Oh, non. Je ne crois pas. En concert, je veux être beaucoup plus en sueur. »
Sinclair est libre ? Oui, mais surtout, il est déchaîné.
Théâtre du Casino d'Enghien, Enghien-les-Bains
Une nouvelle tournée et un nouveau groupe. Sinclair remonte sur scène avec un nouveau projet Live autour de ses derniers titres et de ceux d’un album à sortir à l’automne 2025 tout en reprenant bien sûr ses titres emblématiques de « La Bonne Attitude » ou de « Supernova Superstar ».
Théâtre du Casino d'Enghien, Enghien-les-Bains
Théâtre de Paris, Paris
Avant-Seine, Colombes