Fawzy Al-Aiedy est né à Bassorah au sud de l’Irak, dans les années 1950, « entre deux grandes pluies »… À 14 ans, il quitte sa ville natale pour Bagdad, où il étudie à l’École des Beaux-arts la musique traditionnelle orientale (luth et chant), ainsi que la musique occidentale (hautbois classique). Il découvre la poésie d’Arthur Rimbaud et de Verlaine, lit des oeuvres de philosophie (Sartre, Debray…) et, en travaillant Bach, Mozart ou Haendel, ressent un véritable choc culturel. Il passe très naturellement d’une culture musicale à l’autre.

L’Irak vit alors une période très troublée, les coups d’État se succédant. À Bagdad, l’armée est omniprésente. Après son service militaire, Fawzy prend la décision de partir. Mais où ? Pour apprendre le hautbois, il y a deux « écoles » : l’une allemande, l’autre française qu’il préfère. Il choisit donc la France - notamment pour sa passion pour Rimbaud et Verlaine.

Fawzy Al-Aiedy parvient à quitter son pays et débarque à Paris en 1971. Il approfondit le hautbois et le cor anglais à l’École nationale de musique de Boulogne-Billancourt où, en 1976, il obtient le premier prix de hautbois et le deuxième prix de musique de chambre. En parallèle à son apprentissage classique, il découvre des auteurs comme Georges Brassens, Léo Ferré, Leonard Cohen, mais aussi John Coltrane, Miles Davis…

À sa sortie du Conservatoire, il entre dans l’Orchestre des Jeunes de Paris, aux pupitres de hautbois et de cor anglais, sous la direction de Jean-Claude Casadesus. Il y reste deux ans.

En 1976, Fawzy enregistre son premier album, Silence (Chant du Monde), consacré à la poésie traditionnelle irakienne. D’autres albums suivront. De 1977 à 1985, il participe, avec le comédien Guy Jacquet et le calligraphe Hassan Massoudy, au groupe Khamsa qui diffuse la richesse de la culture arabe à travers le spectacle L’Arabesque à voir et à entendre (poésie, calligraphies et chants arabes).

Dès 1983, il devient un précurseur de ce qu’on appelle aujourd’hui la « world music », avec son album La Terre, où il réunit des musiciens venus de tous horizons. En 1989, il crée L’Oriental Jazz, en mariant le swing du jazz à la sensualité de la musique orientale.

Parallèlement, depuis 1987, il fait régulièrement des incursions dans l’art dramatique et le théâtre musical avec entre autres Histoire du Borgne et Aladin et la princesse de Chine avec L. Melki, Les Aventures de Sindbad le Marin avec A. Duhamel, M. Beretti et P. Barrat, et Sol Soleil de G. Freixe. En 1996 et 1998, les créations (toujours en tournée) Paris-Bagdad Acoustic et Oud Aljazira marquent un tournant dans la démarche musicale de Fawzy. Après L’Oriental Jazz, il manifeste le désir de se tourner vers des inspirations plus traditionnelles, des impressions plus naturelles, en lien avec son état d’âme d’alors.

Depuis 2002, Fawzy tente de marier la musique orientale au groove occidental. Ce « laboratoire » aboutit en 2006 à une nouvelle création, Radio Bagdad, qui nous entraîne vers d’autres contrées alliant musiques traditionnelles et actuelles. Il créé la même année avec le jazzman hautboïste Jean-Luc Fillon un spectacle sur le désert et ses caravanes, Privé de désert.

Dans son désir de sensibiliser tous les publics, Fawzy Al-Aiedy a produit des disques et des concerts pour les enfants et leurs parents. En 1982, le disque Amina reçoit le prix Loisirs Jeunes. Les chansons traditionnelles du spectacle pour enfants Dounya sont réunies sur un disque en 1998. Enfin, Noces-Bayna est créé en 2006.

Depuis toujours, les notions de tolérance et de culture président à la démarche créative de Fawzy Al-Aiedy. Pour lui, la musique est le terrain privilégié où peuvent s’épanouir toutes les rencontres.