Lisa Guédy fait ses premiers pas dans le monde du théâtre de rue à l’âge de 12 ans avec des compagnies alors expérimentant un genre nouveau, encourageant et façonnant son désir d’un rapport direct au public, ainsi que celui d’une esthétique proche du conte de fée, de la fantasmagorie décalée vers le burlesque et la tragédie, où les décors et les personnages sont cinématographiques et marqués et où la performance plastique, physique et musicale est au coeur du débat, résultat de cette culture hybride et alternative.

Après avoir suivi l’enseignement du cirque d’Annie Fratellini, de Niels Arestrup à l’École-Théâtre du Passage et obtenu une licence de Lettres Modernes à la Sorbonne, elle a notamment travaillé entre 1995 et 2001 en tant que contortionniste, trapéziste et comédienne avec diverses compagnies et cirques.

Elle crée alors sa propre structure, continuant de travailler sur la performance physique et jouant dans des lieux atypiques, avec comme seuls partenaires des artistes de cirque dans un premier temps, pour ensuite travailler avec des interprêtes très divers toujours par le biais d’une expérience physique globale, appliqué parfois durant plusieurs mois avec les comédiens, et interrogeant les différents codes de représentation au théâtre.

En 2003, élaboration d’un travail d’ensemble pour la série Unheimlichkeit, spectacles au nombre de trois qui sont autant de variations autour des textes de Lewis Carroll et d’Oscar Wilde et dont le thème, les étrangetés, ont pour modèle les « vanités ». L’univers plastique sous-tend cette série qui n’a d’autre vocation que de plonger le spectateur au coeur d’une expérience sensorielle, hypnoptique, via les symbôles transposés qui narrent l’humaine et fatale destinée et grâce au procédé combinés de la vidéo, de la musique en temps réel, et des déplacements vocaux et corporels des acteurs.

Deux autres spectacles travaillés plus particulièrement sur le mode de la performance comme des “sons et lumières”, Naked lunch or dinner ? (2006) et Drive-in (2007).

La continuité du travail entrepris est axée sur nos perceptions du Réél et leurs distorsions, qui naissent des écarts entre intérieur et extérieur, pulsions animales et pensée intellectuelle, permettant d’approcher les mouvements de mutation / dissolution d’organismes vivants qui cheminent et laissent leur empreinte à travers d’autres organismes et de chercher à les retranscrire.