Avertissement : Ce spectacle comporte des niveaux sonores élevés composés de basses fréquences, ainsi que des effets stroboscopiques déconseillés aux jeunes enfants, aux femmes enceintes, aux personnes épileptiques, aux porteuses de pace-maker et d'appareil auditif.
Le Ballet Preljocaj est à ce jour l’une des plus belles réussites du paysage chorégraphique français : à la fois compagnie de répertoire - avec Near Life Experience, Le Sacre du printemps, Helikopter, Annonciation ou Un trait d’union, autant de pièces plébiscitées de par le monde - et groupe de création riche de vingt-quatre danseurs qui explorent sans cesse d’autres possibles.
Avec N, nouvel opus au titre-masque, Angelin Preljocaj se confronte à une certaine société du chaos et dévoile de nouvelles préoccupations forcément assombries. Avec peut-être la danse comme valeur-refuge. L’idée de départ est un travail sur la destruction de l’autre, le corps comme principal vecteur à effacer, « hélas une constante depuis que l’humain est sur terre ».
Collaborant avec le duo germano-autrichien, Granular Synthesis, artistes fusionnant vidéo et son en un seul médium, le chorégraphe installé à Aix-en-Provence a bousculé ses propres idées reçues. « À chaque création, j’essaye de me dérouter, ce qui est sans doute la meilleure preuve de ma confiance quasi absolue en la danse. » S’intéressant de plus près aux univers des jeux vidéo, traduction on ne peut plus moderne de ces « nouvelles batailles », N débouchera sur une double distribution : des danseurs virtuels en 3D, suite à une captation-studio de vrais mouvements, et des interprètes, six filles et six garçons, sur le plateau.
« La technologie ré-interroge ma façon de travailler comme si je disposais d’un nouvel alphabet. J’apporte un matériau qui va être régénéré par Granular Synthesis », résume Angelin Preljocaj. De cette partie grandeur nature, en phase avec un univers technologique quoique ludique qui « contamine » à grande vitesse les arts vivants, le créateur veut tirer une nouvelle énergie. « On a trop facilement tendance à creuser le même sillon : en se mettant en dés-équilibre, on pousse plus loin sa réflexion d’auteur », affirme Angelin Preljocaj.
La venue du Ballet Preljocaj à Chaillot, une première, devrait apporter la preuve, éclatante, qu’il n’y a pas de vertige chorégraphique sans respect de l’autre.
Philippe Noisette
1, Place du Trocadéro 75016 Paris