A priori, Nikolaus n’aime pas les chapiteaux. Mais quand il s’est vu proposer de laisser libre cours à ses fantasmes sur cet objet de fête foraine qu’on essaie trop souvent de faire passer pour une cathédrale, il n’a pas beaucoup hésité. Sauf que son chapiteau à lui menace sérieusement de s’écrouler. Il est bancal, il est noirci, il est à vendre, tout doit disparaître. À l’intérieur, une famille mal en point et néanmoins plus « libéraliste » que les ultra qui peuvent se le permettre, y croit encore assez pour sauver ce qu’il reste de meubles. Il n’y a plus de trapèze, un escabeau suspendu fera l’affaire. Plus aucun agrès qui tienne, qu’importe, le tour sera joué sur un plancher de guingois et un stock de poubelles.
Nikolaus, qui arrêta ses études de philo et théâtre pour apprendre « quelque chose pour laquelle l’homme n’est pas fait » (en l’occurrence, le jonglage) embarque avec lui cinq interprètes et de multiples objets dans un univers à la Ettore Scola, période Affreux, sales et méchants. Trois hommes et une femme qualifiés par ses soins de phénomènes, qu’ils manient l’acrobatie, l’équilibre, le chant, le trapèze et /ou le clown, cornaqués par un « dompteur » (le metteur en scène Christian Lucas). Et un public également mis en déséquilibre avec l’aide du scénographe Raymond Sarti, chargé d’orchestrer un tsunami sous chapiteau, objet et abri du délit…
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris