La version 2006 du spectacle L'amour c'est pas grave !
L'amour c'est pas grave - L'écriture
Le thème
Un spectacle en solitaire
« L'art de plaire, au théâtre, c'est l'art d'écrire des pièces ; c'est ensuite, et bien au-dessous de ce sommet, l'art de les montrer et de les jouer. » Jouvet tapait juste : c'est l'écriture qui fait la réussite d'un bon spectacle, surtout pour un One Man Show. Jusqu'à présent nous avons monté des textes de « Grands Auteurs » de la littérature, mais aujourd'hui notre nouvelle création s'élabore avec dix auteurs vivants.
Ils nous ont offert dix textes modelables, adaptables qui évoluent comme une matière vivante tout au long des répétitions, source de l'originalité de ce spectacle. Ces auteurs sont aussi bien des scénaristes, des dialoguistes, que des auteurs de théâtre, de récits, de romans ou de nouvelles, tous récits, de romans ou de nouvelles, tous d'inspiration comique. Du point de vue de la forme de l'écriture nous leur avons proposé un cadre humoristique très précis. Il s'agit d'un « Pot pourri » allant de la brève, aux canevas de situations dialoguées (utilisées par la comedia dell'arte), de faits divers imaginaires, à des suites de maximes et d'aphorismes, de courtes fables, de pastiches, de poèmes louches, ou de paroles sans message.
Une fois ces matériaux mis à notre disposition nous avons établi le fil rouge, la dramaturgie qui constitue le montage, le collage final, un peu à la façon des « Cadavres Exquis » inventés par les surréalistes.
Pourquoi plusieurs auteurs ? Les formes d'écriture recherchées étant diverses, il nous a semblé évident d'associer des genres comiques, des sensibilités, des styles, des univers, des cultures d'hommes et de femmes aux imaginaires contrastés !
Pour atteindre le meilleur, le plus souvent l'homme est capable du pire. C'est en cherchant son équilibre intérieur qu'on peut accepter ses propres contradictions et paradoxes. Nous avons proposé aux auteurs le thème de la « contradiction humaine ». De là sont nés des situations, des dialogues, des personnages, auxquels chaque spectateur devrait s'identifier et sûrement même s'y reconnaître.
En effet comment peut-on passer facilement d'une humeur si joyeuse aux idées les plus noires, montrer une nature généreuse et être le pire des pingres dans certaines situations, être au même moment excité sexuellement mais totalement impuissant, avoir la foi et devenir criminel, présenter une apparence douce pour assouvir sa cruauté, vouloir guérir de maladies qu'on s'invente, fuir le bonheur de peur qu'il se sauve, attendre jusqu'à 30 ans le prince charmant pour lui dire « non » à la mairie, faire des promesses et ne pas les tenir ?
On pourrait dresser une liste de ces contrastes délirants à l'infini, ils sont semble-t-il le propre de l'homme. Ils sont à la fois notre tragédie mais surtout, suivant la façon de les interpréter, une sublime source d'humour : la grande Comédie Humaine.
Ensuite, le hasard a fait que Cyril Lecomte a mis en scène le premier spectacle de Gad Elmaleh, Décalages. Les deux années, de cette expérience ont projeté Cyril dans l'univers du « One Man Show », et l'ont poussé à explorer et exploiter comme acteur et metteur en scène, ce genre humoristique très particulier dans deux spectacles : Atteinte à l'ordre, humour noir décapant, textes de S. Mrozek. Machine infernale de l'absurde et dérisoire condition humaine. Au Sud de Nulle Part, humour brut, des Américaines et des Américains ordinaires, de l'alcool et des amours extrêmes, par le maître en la matière : Charles Bukowski. Ces deux One Man Show d'auteurs se sont joués avec la même réussite dans deux catégories, pourtant souvent considérées comme rivales : Théâtre et Café-théâtre !
Le parcourt d'acteur commencé par Cyril Lecomte il y a plusieurs années (outre le cinéma et la télévision), s'est orienté peu à peu vers une forme théâtrale solitaire. Un acteur est comme un oiseau : il a besoin d'être posé pour se nourrir, et de voler pour être libre ! Certains oiseaux voyagent seul...
Etre seul en scène est peut-être la chose la plus risquée mais aussi la plus exaltante qui soit. Elle offre à l'imaginaire de l'acteur le plus vaste champ pour jouir totalement de sa liberté. Alors quand le rire surgit de toute une salle, la solitude et les dangers disparaissent, pour laisser place à la fusion avec le public... Voilà, aujourd'hui plus que jamais, son carburant essentiel pour continuer dans cette voie, avec la volonté d'explorer jusqu'à l'infini l'univers de la « grande mécanique » du rire. Ce chemin frôle parfois les précipices d'une certaine dinguerie. « Solitaire, je porte en moi la scission » dit Musil. Quelle meilleure thérapie qu'une bonne cure de « rirologie » ? Pour soi et pour les autres.
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