Il y a de l'électricité dans l'air, quelque chose de nerveux, de dangereux peut être... François Verret, chorégraphe et metteur en scène, figure de la danse contemporaine française depuis le début des années 80, n'est pas loin. Son nouvel opus intitulé Raptus confronte un acteur-danseur et un musicien. Une fois encore, les thèmes d'inspiration de Verret reflètent les remous de la société d'aujourd'hui.
Perte d'empathie, indifférence grandissante, désir de sortir du circuit... À partir de ces motifs, Verret tente d'évoquer la somatisation à l'oeuvre chez l'être humain lorsqu'il veut contrer un trauma. Un « raptus » est « une impulsion violente et soudaine susceptible de pousser quelqu'un à un acte violent ». Un court-circuit psychique auquel Verret tente de donner un sens spectaculaire violemment exacerbé.
Depuis près de 30 ans aujourd'hui, François Verret dédie temps, énergie, passion à la création artistique, autour de cet art qu'est la danse. Pour lui, la danse est un art d'équipe et l'écoute y est primordiale. Il a toujours désiré partager avec d'autres l'expérience artistique qui y est liée, créer les conditions de ce partage. Le processus de création lui est toujours apparu comme le lieu d'une aventure.
Parmi ses créations récentes : Kaspar Konzert en 1998, Bartleby en 2000, Chantier-Musil en 2003, Contrecoup en 2004, Sans Retour en 2006, Ice en 2008, Do you remember no I don't en 2009, Courtscircuits en 2011.
RAPTUS : Impulsion violente et soudaine susceptible de pousser quelqu'un à un acte violent ; désir soudain et impérieux d'accomplir un acte ; violente crise comportementale accompagnée d'une perte de contrôle de soi.
« La plus grande tragédie contemporaine, c'est la disparition progressive des affects » disait l'auteur britannique J.G. Ballard.
Ne pas voir, « faire semblant » de voir, voir sans agir : l'image médiatique est au coeur du processus d'apprentissage, de l'indifférence et de la raréfaction de l'empathie, tout en laissant croire qu'elle ouvre de nouvelles pratiques compassionnelles.
Il y a aujourd'hui une très forte corrélation entre la perte d'empathie à laquelle l'économie néo-libérale nous astreint de plus en plus, et le désir de s'extraire du « circuit », de se retirer du monde, par n'importe quel moyen... drogue, alcool, somatisation.
L'espace que je désire explorer est celui de cette somatisation. Quelles sont les réponses de l'être humain au trauma ? Comment réagit-il ? Par quels dysfonctionnements physiques ?
« Ca s'annonce, comme il se doit, déflagrant, raide et sans merci. Les thèmes de ce nouvel opus pointent le chaos social en cours : perte d'empathie, individualisme forcené… Avec François Verret, l'exploration de nos dysfonctionnements individuels et collectifs prend toujours une saveur terrible. A découvrir. Résolument. » Rosita Boisseau, Télérama
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris