Cinquante ans qu’il s’allonge sur les scènes de théâtre ou de music-hall. Elles sont plus propres que les divans de psychanalystes. N’en déplaise à Freud, c’est sa psychothérapie à lui. Il se lâche, balance, vocifère et purge, devant des salles combles qui rient et paient pour ça : « Je ne vais pas dépenser le double pour un type qui ne se marre même pas et qui n’applaudit jamais. » Il n’a jamais connu l’assagissement. Il attaque, pourfend.
Et tout y passe. Sa mère, les femmes, les mômes, le monde dans tous ses états et tous les états du monde. Le sport, les religions, les engagements, la droite en tête et la gauche en berne. Pitre grave ou chimiste fou, Bedos écrit à l’acide, enrage et désespère. Tous les racismes le hérissent. Il passe au crible les défaites successives des socialistes divisés, les victoires de la bêtise arriviste et des leçons non retenues. Il fait scandale et des émules, énumère les peurs panique d’une actualité moins drôle que lui : maladies, terrorisme, ignorance, etc. Il provoque le mouvement, le réveil, la vigilance.
Sketchs cultes, revue de presse, best of des best of, Guy Bedos se donne en spectacle en fauve acharné. Il rend hommage à ses maîtres, Vian ou Prévert qui l’incitèrent à écrire, Signoret, sa « grande soeur et son prof de Sciences Po ». Il sort les griffes partout ailleurs. Il en a ras-le-bol, Bedos. Il a tout dit sans radoter. Dernier coup de gueule. Dernier spectacle, premiers adieux, « rideau ! » dit-il. Il promet d’arrêter là. Il va ouvrir les vannes, lancer les dernières salves et essayer chaque soir d’enfin mourir sur scène. Pour conjurer la mort en riant. Et si tout va bien, recommencer.
2, place Victor Hugo 94270 Le Kremlin-Bicêtre
Voiture : partir de la porte d'Italie, prendre la RN7 en direction de Villejuif. A la hauteur de la station de métro tourner à droite, avenue Eugène Thomas puis au 1er feu à gauche rue Jean Monnet.