À partir de 5 ans.
« Le jeu, c'est tout ce qu'on fait sans y être obligé. » Mark Twain
Sous ses draps, un jeune garçon s’endort un livre à la main. Vient alors le rêve. Il se voit au bord du Mississipi, accompagné de Jim, un esclave en fuite qui rythme son aventure au son du saxophone. Ses jouets prennent vie et colorent son évasion de personnages farfelus.
Du roman de Mark Twain au songe d’un enfant, Huckleberry est une fable sur la liberté, la différence, et l’amitié.
Musique de George Gershwin
Huckleberry nous raconte : comment il a fugué pour fuir « la ci-ilisation » et la violence de son père ; comment il a trouvé Jim, un esclave, en fuite lui aussi ; comment ensemble ils sont montés sur un radeau et ont descendu le Mississipi pour trouver la liberté. A travers le prisme des souvenirs et de l’imagination d’un jeune garçon, le spectacle évoque tour à tour l’amitié, l’aventure, la morale et, surtout la liberté.
Mais Huckleberry nous raconte aussi les Etats-Unis, avant la guerre de sécession, un pays naissant, une société américaine encore jeune et déjà en proie a des débats moraux qui trouvent encore des échos aujourd’hui. Considéré comme le livre fondateur de la littérature américaine, par lequel elle se détache de la littérature anglaise, Les Aventures d'Huckleberry Finn, chef-d’œuvre de Mark Twain, est souvent crédité « roman pour la jeunesse », à tort. À la différence des Aventures de Tom Sawyer, dont il partage pourtant les personnages et dont il poursuit l’intrigue, il est riche d’une réflexion très dense sur le racisme, l’autre, la morale et la liberté.
Cette histoire est avant tout un conte initiatique. Un jeune garçon fidèlement accompagné, se laisse glisser le long du fleuve et, d’accidents en rencontres, de problèmes en découvertes, c’est lui même qu’il découvre. Il grandit et se construit, loin des règles de la « civilisation », avec sa seule intuition comme boussole. C’est ce chemin vers lui même, au fil de l’eau, qui sera le centre de la pièce. Plutôt qu’un résumé rapide de l’entièreté du roman, c’est la descente du Mississippi qui sera le lit du spectacle, avec, seules, quelques rares escales inévitables.
Mais c’est un Mississippi fantasmé que raconte notre Huckleberry, celui perçu au travers du roman, mais aussi de la télévision et du cinéma. Il évoque L’Amérique du livre de Mark Twain vue depuis l’autre côté de l’Atlantique à travers la toile, ou la petite lucarne. Il brosse le portrait d’une terre d’aventures située entre une figurine de cowboy et un dessin animé, où se sont joué certains des grands contes « classiques » d’une génération devenue adulte. En s’adressant aux enfants d’aujourd’hui, le spectacle teste l’universalité de cette patine américaine dont on a revêtu les aventures de la jeunesse. Et pour émouvoir les plus grands il en appelle à la nostalgie de leur âge tendre.
Le roman, rédigé à la première personne, commence ainsi : « Vous ne me connaissez pas encore si vous n’avez pas lu un livre intitulé Les Aventures de Tom Sawyer, mais ça ne change rien. C’est un certain Mark Twain qui l’a écrit, ce livre ; et, en gros il disait la vérité. En tirant un peu sur la ficelle bien sûr, mais c’était tout de même ça. Et puis peu importe. » (Les Aventures d'Huckleberry Finn, chapitre I., traduction André Bay)
Dans le spectacle aussi, Huckleberry prend la parole, le jeune garçon fait son récit d’aventures à la première personne. Seules quelques interventions lapidaires de Jim font que la pièce n’est pas un monologue. Mais qu’en est-il vraiment ? Il s’agit de l’histoire de Huckleberry Finn, mais qui la raconte ? Est-ce lui ou est-ce un jeune garçon qui joue à être le héros du roman ? La question reste ouverte pour pouvoir mieux s’amuser avec les codes même du jeu : jouer Huckleberry Finn ou jouer à Huckleberry Finn ?
Pour pousser plus loin dans cette perspective, la mise en scène utilisera le théâtre d’objets, pour aussi jouer « avec ». Avec quelques jouets, une couverture et quelques autres « trucs » Huckleberry fera prendre vie au fleuve, à ses rencontres : à son aventure. Le musicien, figure de Jim, sera davantage présent par la musique que par le texte. Avec un unique instrument, il joue Gershwin, compositeur emblématique des Etats-Unis. Là encore, il s’agit d’une évocation de cette Amérique de fiction, de cinéma, de télévision. L’idée étant rendre une histoire palpitante et intrigante avec quelques bouts de ficelle, à la manière des enfants qui jouent. Ainsi le spectacle, d’une grande mobilité, pourra trouver son public où qu’il se trouve, et s’arrimer à un théâtre, une salle de classe, une cour de récréation...
77 rue de Montreuil 75011 Paris