Un peu chipie, mutine, toujours très féminine, posant sa voix et son regard comme le miroir de nos états d'être et de nos contradictions, Juliette nous ouvre, de textes tendres en verbes acides, un univers très personnel aux mouvements tour à tour retenus et passionnés. Elle a l'air douce. Inoffensive. C'est son truc à elle pour nous emmener, subtilement, vers ses colères et ses cynismes.
Juliette adore l'ambiguïté, le double sens ; ses mots pirouettent, nous étourdissent, et nous ne savons plus quand ni comment s'est produit le glissement. Mais nous voilà en train de râler avec elle contre la « taille mannequin » (Ananorexie), d'ouvrir les yeux avec amertume sur le sort des indiens d'Amérique (Sage Indien) ou d'accepter tout simplement l'insupportable, l'inaudible, une femme qui chante avec douceur la perte d'un être aimé (Le Manège).
Mais vite, vite, elle sèche nos larmes d'un claquement de doigts dans le plus pur style jazz pour interpréter Sonson, une chanson écrite dans un langage, disons... parallèle ; elle avoue - mais faut-il la croire ? - qu'elle souffre de Trentaine Rougissante, d'un narcissisme fleuri (J'ai des soucis avec Narcisse) et surtout d'un rapport plus que conflictuel avec un placard fou et bagarreur (Le blues du placard)...
Sur scène, Juliette Kapla est entourée de trois musiciens : Bara Ravaloson à la batterie, Nicolas Mahieux à la contrebasse et Jean-Christophe Tant à la guitare. Une ambiance intimiste, où l'énergie et un bonheur certain de la scène et de la musique alternent avec mélancolie et émotion profonde.
Le groupe s'est construit autour de la forte complicité de Juliette et Jean-Christophe ; lancés tous deux en juillet 1999 dans l'aventure de l'écriture de chansons à quatre mains, ils ressentent vite le besoin de dynamiser le spectacle par l'apport de percussions et de contrebasse.
L'arrivée de Bara Ravaloson se fait tout naturellement : ce jazzman, compagnon fidèle de Jean-Christophe, est à la fois bassiste et batteur; il assumera dans un premier temps les deux fonctions, avant que Nicolas Mahieux ne vienne compléter le quartette en décembre 2000.
Les trois musiciens se connaissent bien, et c'est une musique pleine de "feeling" qu'ils mettent au service des textes et de la voix de Juliette. Un véritable groupe donc, fait d'estime, de respect et surtout du plaisir de jouer.
15, rue des Blancs Manteaux 75004 Paris