Dans " Kif-Kif piment comme il respire " , synthèse du là-bas et de I'ici, j'ai cherché à toucher I'âme des gens par le rire et par I'émouvoir, comme autrefois le faisait ma Magicienne-Grand-Mère, tantôt naïve et tantôt grave dans le dire.
Ce spectacle est tiré de ses deux livres : Une étoile dans I'oeil de mon frère et de Bouz'louf tête de mouton. Spectacle-flash, images fugaces, tendresse à fleur de peau, c'est toute la Kabylie au quotidien : les vieux sur la place du village, éternellement présents et qui sont la mémoire et la carte d'identité de mes souvenirs. C'est aussi mes figuiers, symboles de ma jeunesse. Je n'oublierai jamais le ciel de mes légendes vraies ; bleu Kabyle où les étoiles sont à la portée des mains et des yeux. Je me complais à raconter dans la pure tradition orale de mon héritage, mes histoires courtes comme une circoncision drôle, aïe ! Et puis... le pays mythique : Paris, rencontre avec mon père Baba Bouzid, moment d'émotion mortelle. Paris le poétique, je deviens alors petit kabyle émerveillé par la vie grouillante, tumultueuse, de ce quartier populaire du 5ème arrondissement, premier étage. C'est mes années Bouz'louf...
Le conte n'a besoin d'aucun artifice, d'aucune parure, suffit seulement de lui donner la parole, de le mettre en bouche et de le raconter. Pour cela, mettez vous au coin d'un feu, lancez quelques embûches de mots, laissez crépiter au moment du dire, captez quelques oreilles et yeux puis raconter... L'histoire peut-être servie chaud ou frais mais jamais réchauffée. Ouvrez alors la bouche et servez, versez le tout dans les oreilles même indiscrètes d'un voisin, d'une voisine, d'un passant ou d'un repassant. Le conte est un peu comme un remède dont les mots guérissent I'âme. Ils sont nécessaires, utiles et surtout rendent intelligent. II faut juste les comprendre. II est vrai qu'ils sont le privilège des gens de goût et d'esprit. Mais ils s'adressent à toutes les classes sociales. Le conte invite au rêve, au voyage, à la réflexion. S'ils font peur, c'est pour mieux nous délivrer de I'effroi. Ainsi, ils laissent dans nos têtes ce délice qu'est le savoir pour enfin nous donner " l'amoral " .
Moussa Lebkiri
L'inventeur naïf de mots et formules hilarantes, Moussa Lebkiri signe un spectacle émouvant qui évoque en paroles légères ces immigrés qui ne sont pas venus voler les mots des Français mais les apprivoiser. L'Humanité
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