Tiger Tiger Burning Bright... Frank Micheletti a emprunté le titre à William Blake essentiellement pour sa sonorité et sa rythmique, mais aussi pour l’incandescence qu’il évoque, et pour la présence des tigres, ces animaux que l’on ne trouve pas dans la vieille Europe. Car une fois encore, le chorégraphe de Kubilai Khan Investigations propose une pièce où le monde entier est convoqué : le monde globalisé, écentralisé, et particulièrement le monde grouillant des métropoles, où l’accélération qui caractérise la modernité est particulièrement aiguë.
Car dans cette pièce il s’agit avant tout de vitesse, de fluide, de flux. Une vitesse entendue dans toutes ces dimensions : celle produisant des fragilités, des désintégrations, des pressions, des tensions, mais aussi celle qui permet aux éléments de tenir ensemble, procure un plaisir cinétique et porte en elle une promesse de transformation.
« Ce projet sera une écoute du présent, qui s’accélère, qui s’invente et qui parfois se noie dans les flux réglés ou déréglés du nouveau monde, de l’avenir. Il ne s’agira pas de nier ses évolutions mais de témoigner de notre capacité à agir, à maintenir une conscience et un langage où se dévoilent nos puissances de vies comme nos fragilités et nos failles. C’est à travers le langage du corps dansant, comme une surface, une « interface », entre une conscience intérieure et l’infinité du monde que ce discours se concrétisera. » Frank Micheletti
Comment l’accélération du monde et l’architecture technologique qui l’accompagne engendre-t-elle de nouvelles nécessités de synchronisations, comment dérègle-t-elle les vies et les corps ou comment au contraire les maintientelle vivants, fluides ? Avec six danseurs et une musique composée de matériaux très composites et mixée en direct, Tiger Tiger Burning Bright... offre une pièce polyphonique, physique et urbaine qui multiplie les combinaisons, les ramifications, les entrelacements. Une pièce à l’écriture ciselée, coupante qui conjugue toutes les vitesses, fait cohabiter des tempos différents, des fragments simultanés d’actions et travaille sur l’intensité des sensations sans évacuer la violence qui parfois les accompagne.
Frank Micheletti propose ainsi une mise en désordre qui est aussi une mise en liberté, l’exploration d’un désir qui résiste à la dévastation. Comme l’écrit le philosophe Jean-Luc Nancy : « Le monde ne repose sur rien et c’est là le plus vif de son sens. »
« Les six interprètes du nouveau spectacle du chorégraphe Frank Micheletti (…) crèvent les yeux. Beaux, résolus, modestes, ils irradient sans que jamais le plateau soit déséquilibré au profit de l'un ou de l'autre. Et c'est un exploit ! » Le Monde
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