A partir de 5 ans.
Quoi de plus plaisant que de voir deux puissants se faire embobiner grâce à la ruse d’un plus faible ? L’univers coloré de ce spectacle et les pitreries d’un chat finaud et d’un roi lourdaud font de ce Chat Botté une critique sociale drôle et enjouée, à découvrir en famille.
Par le Théâtre de l'Eventail.
« Un conte écrit à la fin du XVIIème siècle et dont le succès ne se dément pas... Le Théâtre de l’Eventail, qui vient de créer cette pièce a su rendre à ce conte sa dimension fantastique un tantinet inquiétante... qui plonge le spectateur dans un univers ubuesque à la morale quelque peu douteuse, mais qu’importe... » La Montagne, 2015
Le Chat Botté apparaît pour la première fois dans un ancien conte italien du début du XVIe siècle écrit par Giovanni Francesco Straparola. La version classique de ce conte est écrite à la fin du XVIIe siècle par Charles Perrault. Elle provient d’un manuscrit illustré, intitulé Les Contes de ma mère l’Oye, et daté de 1695. Le Chat botté connaît instantanément le succès et reste populaire de nos jours, malgré une morale ambiguë.
Ce spectacle est fondé sur la version de Charles Perrault, avec un travail d’adaptation entrepris par Cécile Messineo.
Alors que Le Petit Chaperon Rouge est un conte d’avertissement, nous sommes ici face à un récit initiatique, qui présente aussi une rude critique sociale. En effet, le fils du meunier, dernier de sa fratrie, et le chat, sont des êtres fragiles mais particulièrement rusés, alors que les puissants, le roi et l’ogre, sont finalement bernés. Sans trop le marquer, cet aspect du conte sera approfondi dans l’adaptation, car finalement sa morale pourrait être : l’union fait la force.
Le Chat Botté fonctionne comme un canevas de commedia dell’ Arte. En effet, le chat peut être vu comme un Arlequin n’ayant d’autre choix que d’aider son maître dépourvu pour subsister. C’est ainsi l’occasion de joindre deux univers autour desquels la compagnie travaille depuis de nombreuses années.
Le masque d’Arlequin étant inspiré du chat : il est donc apparu comme évident que notre Chat Botté serait masqué. Son jeu est physique et se base sur l’ambiguïté de la métamorphose, ce qui cadre parfaitement avec le merveilleux du conte. Le spectacle se fonde aussi sur des improvisations afin de créer des lazzi, moment de jeu comique durant lequel l’intrigue s’arrête.
Le Chat Botté, le fils du meunier, le roi, la princesse et l’ogre, sont les 5 personnages du conte.
Le chat et le fils constituent un duo proche du schéma maître-valet bien connu dans le théâtre classique.
Quant au roi et à l’ogre, les deux images du pouvoir abusés par le chat, il s’agit de deux figures comiques : en effet quoi de plus plaisant que de voir deux puissants se faire embobiner grâce à la ruse d’un plus faible ? Ils ont ainsi une image grossière et cruelle. Ainsi, le roi n’est pas masqué, mais maquillé outrancièrement afin de souligner son côté ubuesque.
Enfin, il y a le personnage féminin, la princesse, qui n’a pas une présence très marquée dans le conte de Perrault. Dans cette adaptation la princesse a une vraie place, avec un point de vue plus prononcé. Fait-elle partie du complot, comme ce serait le cas dans un canevas de Commedia dell’ Arte ? Est-elle plus fine que son père ? Débusque-t-elle la supercherie ? Est-elle heureuse de son sort ? Consent-elle de si bonne grâce à épouser le marquis de Carabas ? Voilà autant de pistes pour approfondir cette figure essentielle à l’intrigue mais si peu traitée dans la version de Charles Perrault.
La scénographie est conçue pour souligner le fantastique du conte et créer un espace onirique, avec des volumes et des perspectives inspirés par le travail que l’on retrouve dans les livres pop-up, ces livres plats qui prennent la forme de ce qu’ils racontent lorsqu’on en tourne les pages.
La scénographie est évolutive, comme si on tournait les pages d’un livre : à chaque nouveau tableau, un nouvel espace apparaît à partir de l’ancien. Pour échapper à un réalisme qui cadrerait mal avec le merveilleux du conte, les esquisses de Salvador Dalí et le travail architectural de Jean Dubuffet ont fait partie des inspirations des deux metteurs en scène.
Les jeux de lumières donnent également du relief à un monde de papier. Les costumes soulignent les archétypes de chaque personnage et se mêlent à la scénographie abstraite en amenant de la couleur sur le plateau. Les personnages sont ainsi comme des tâches de couleurs sur une page blanche. Cet effet de contraste rappelle une fois de plus les illustrations des livres d’enfant.
6, avenue Maurice Ravel 75012 Paris