Le sujet de la pièce
A propos de Madame Doubtfire
Conversation avec Michel Leeb et Albert Algoud
Note de mise en scène
Si Alex, comédien aux talents multiples, n'avait pas perdu son travail, il n'aurait pas été viré dans la foulée par sa femme… et il n'aurait pas été séparé de ses trois enfants. Père irresponsable ? Père immature ? C'est en tout cas ce que pense sa femme. Mais quand on a un coeur aussi grand qu'Alex et qu'on a autant de cordes à son arc, on est prêt à tout pour retrouver ses enfants ! Il est alors capable d'imaginer des plans en quelques secondes, en gardant toujours ses qualités de joie et d'optimisme.
C'est pourquoi quand son ex-femme cherche à employer quelqu'un pour s'occuper de la maison et des enfants, Alex prend le visage, l'accent et la personnalité d'une gouvernante modèle, Madame Doubtfire…Et le miracle se produit ! Rapidement, les enfants et leur maman vont l'adorer.
Parce que Madame Doubtfire doit faire la cuisine, entretenir la maison, éduquer les enfants et négocier l'arrivée d'un prétendant dans la vie de sa femme, une tornade de situations, une avalanche de gags tombent et rebondissent entre les mains d'Alex (Michel Leeb), le jongleur de voix, de mots et de situations, derrière un visage en latex !
Nominations Molières 2002 : Meilleure pièce comique.
Tout le monde se souvient du film réalisé en I993 par Chris Colombus, « Mrs Doubtfire », dont le rôle titre était tenu par Robin Williams. Succès planétaire, ce film n’avait jamais été porté au théâtre. En Italie, le producteur Pietro Garinei a eu l'idée d'en faire une comédie musicale. Michel Leeb a souhaité jouer le rôle à Paris . Il a confié l’adaptation française à Albert Algoud. Ce dernier s’est inspiré à la fois du film américain et de la pièce italienne, mélangeant avec brio les situations fortes du film et les idées nouvelles apportées par Jaja Fiastri.
Au théâtre, Michel Leeb aime pouvoir jouer plusieurs rôles à la fois. On se souvient de la pièce « Trois Partout » de Ray Cooney, adaptée par Jean Poiret, qui avait été un grand succès au Théâtre des Variétés en 1993, dans laquelle Michel Leeb jouait trois frères. « Mon plaisir dans Madame Doubtfire sera bien sûr de jouer deux personnages, dont une sacrée nounou d’un certain âge, mais aussi de jouer avec des enfants. La force de cette comédie est de savoir allier parfaitement l’humour, la folie des situations à l’émotion et la tendresse du sujet. En outre, cette pièce défend les valeurs de la famille, valeurs auxquelles je suis particulièrement attaché. »
Albert : Comment est né le projet “Madame Doubtfire” ?
Michel : Complètement par hasard ! L’an dernier à Rome, mon ami et agent Guy Bonnet, est passé devant une affiche sur laquelle on pouvait voir une femme d’un certain âge portant dans ses bras un homme lui ressemblant (je parle de la dame bien sûr, pas de Guy Bonnet !). Le rapprochement avec l’affiche de mon dernier one man show, qui me représentait berçant dans mes bras mon double en miniature, l’a frappé.
Albert : Et alors ?
Michel : Et alors il a regardé de plus près et a vu qu’il s’agissait d’une comédie musicale du doux nom de “E meno male che c'e Maria”, adaptée par Jaja Fiastri du film Mrs Doubtfire.
Albert : Et alors ?
Michel : Et alors Béatrice, ma productrice et néanmoins épouse, s'est rendue à Rome pour assister à la comédie musicale. Convaincue que le personnage m’irait comme un gant, on a pris contact avec le producteur Pietro Garinei et la Fox pour avoir les droits. Et on a demandé à Albert Algoud , (vous connaissez Albert Algoud ?) d’en faire l’adaptation pour une pièce traditionnelle et non une comédie musicale.
Albert : Pourquoi ? Vous avez pourtant une belle voix de crooner, un splendide organe de baryton martin ?
Michel : Merci Albert, mais je vous rassure, c’est un spectacle où tous les registres de cet organe sont sollicités. Mais je me demande bien pourquoi vous me posez cette question puisqu’en tant qu’adaptateur vous en savez encore plus que moi…
Albert : C’est vrai que la forme théâtrale nous a paru à tous la plus appropriée pour exprimer au plus près l’émotion, la tendresse et le comique de cette histoire. Il s’agissait de trouver un équilibre entre un enjeu moral intense (un homme prêt à tout pour continuer à voir ses enfants) et les effets hilarants du travestissement (le même homme n’hésite pas à se travestir en femme pour parvenir à ses fins). A propos vous vous êtes déjà déguisé au théâtre ?
Michel : Oui. Dans « Trois partout » je m’étais même cloné en incarnant trois frères. Ca a été une expérience formidable. Mais au théâtre jamais je n’ai joué le rôle d’une femme…
Albert : Et quelle femme ! Quelle métamorphose !
Michel : Il s’agit d’une transformation physique complète, radicale, des pieds à la tête. Transformation qui, de plus, doit s’effectuer plusieurs fois très rapidement. C’est aussi un des challenges de la pièce.
Albert : Comme dans la scène du restaurant qui figure dans le film, et pas dans la comédie musicale italienne.
Michel : Cette scène, il fallait absolument la conserver en l’adaptant pour le théâtre. Et vous l’avez fait.
Albert : Avec Daniel Roussel, chef d’orchestre et horloger de ce spectacle, notre préoccupation majeure a été le rythme ; nous étions obsédés par l'impératif de garder le rythme sans avoir les possibilités du montage cinéma. J’ajouterai qu’en travaillant à cette scène et à toutes les autres, pour vous avoir vu en one man show comme au théâtre, je pense notamment à « 12 Hommes en colère », je me suis dit que Madame Doubtfire était la synthèse logique et jubilatoire de toutes vos possibilités et je le dis carrément, de tous vos talents.
Michel : Vous allez me faire rougir !
Albert : C’était un vrai plaisir que de pouvoir imaginer ce que vous pouviez « donner », dans tous les sens du terme en Madame Doubtfire et en Alex, tant au plan des expressions, des manières, des manies ou encore de la démarche, tout ce qui fait partie du jeu et qui vient en plus de la transformation physique et vestimentaire. Vous me semblez très excité à l’idée de jouer ce personnage réversible.
Michel : Attention, Albert. Je tiens à préciser que je n’éprouve aucune attirance sexuelle pour Madame Doubtfire. Ceci dit ,on m’aurait proposé de jouer une fille du Crazy, ça ne m’aurait pas plu…
Albert : Ah bon ? Je vous croyais plus string que corset.
Michel : Laissez moi terminer. Devenir Madame Doubtfire est une vraie jubilation.
Albert : Qu’est ce qui vous enchante chez elle ?
Michel : C’est une bonne vivante, pleine de bon sens, toujours de bonne humeur…
Albert : « Bonne », bon, vous avez raison mais elle a quand même un côté bobonne qui prête à rire.
Michel : Oui mais elle met toujours les rieurs de son côté car elle accepte de se moquer d’elle-même. C’est ce qui va plaire aux enfants ainsi qu’à Miranda, l’ex femme d’Alex. En même temps elle est respectable, et pas seulement à cause de sa carrure.
Albert : Dans sa jeunesse elle a pratiqué le rugby féminin.
Michel : Et le foot ! Quand je parle du respect qu’elle suscite c’est parce qu’elle défend des valeurs : la franchise, la fidélité, l’attention aux autres. Elle inspire confiance et on en vient vite à lui demander conseil car elle a une grande expérience de la vie.
Albert : C’est aussi une sacrée éducatrice.
Michel : Une pédagogue qui sait se faire aimer des enfants sans démagogie tout en les amenant à l’autonomie et à la responsabilité. Grâce à elle, Alex redevient le père qu’il n’a pas toujours su être.
Albert : Je suis content que vous parliez d’Alex. J’avais l’impression que vous étiez en train de l’oublier…
Michel : Comment… puisque Madame Doubtfire c’est lui. Il se travestit par désespoir. Il tente le tout pour le tout.
Albert : C’est aussi un comédien.
Michel : Qui fait preuve d’humilité. Peu reconnu dans son métier il pourrait jouer à l’incompris, au génie méconnu et bien pas du tout. Son talent il ne va pas le mettre en action sur une scène ou à l’écran mais dans la vie. C’est pour séduire sa famille qu’il va en faire une éblouissante démonstration. Et finalement ça va le…..
Albert : Chut ! Ne dévoilez pas la fin. Que pensez vous de Miranda ?
Michel : Elle aussi n’est pas exempte de contradiction. Active, indépendante, over-bookée, elle n’en est pas moins très sensible et très attachée à ses enfants.
Albert : Et puis on comprend qu’elle en est assez de vivre avec un homme qui est en fait le quatrième enfant de la famille.
Michel : Il fallait de l’énergie et de la nuance pour interpréter ce rôle. Caroline Tresca a cette qualité sans oublier celle d’être d’emblée sympathique au public.
Albert : Jouer avec des enfants, vous l’appréhendez ?
Michel : Sacha Guitry a écrit une pièce qui s’appelle « On ne joue pas pour s’amuser » mais, en l'occurence, je peux vous assurer que c’est très amusant de jouer avec des enfants.
Albert : Au début de cet entretien, vous parliez de hasard, mais plus je vous écoute plus je suis convaincu que tout vous prédestinait à devenir Madame Doubtfire…
Michel : Je vous remercie Albert. Mais je vous serais très reconnaissante si vous vouliez bien me passer mon sac à main, vous êtes assis dessus….
Lors de ma première rencontre avec Michel Leeb nous avons parlé de théâtre, de musique, de comédies musicales et de films où la comédie savait jongler avec le rire et l’émotion. Et nous avons parlé de Madame Doubfire dont Michel souhaitait interpréter le personnage au théâtre ! Pas de doute nous avions gratté une allumette et le feu avait pris !
Depuis cette rencontre, il y a un an, nous n’avons pas cessé de fréquenter cette Madame Doubtfire qui dans les mots d’Albert Algoud a commencé à s’exprimer. Comment mettre en scène une comédie née d’un roman et qui est devenue un film ?
Si l’impératif numéro un est de retrouver le rythme de l’histoire sur scène, la question centrale tourne autour de la transformation d’Alex en Madame Doubtfire à la vitesse d’un éclair ! Car la magie des situations réside dans ces passages éclair ou le héros joue avec le feu . Jouer avec le feu, courir après son ombre, la rattraper et la dépasser c’était un défi de plus pour Michel ! Quant à la transformation, clé du tourbillon dans lequel Michel Leeb va entrer, elle reste le secret de Kuno Schlegelmich et de son équipe qui pendant plusieurs mois ont étudié les matériaux adéquats pour changer complètement le visage tout en permettant une facilité d’usage car le masque doit être mis et enlevé, entre autres dans la fameuse scène du restaurant, en quelques secondes ! Le travail accompli rend l’effet tout simplement magique. Alex s’engouffre dans une spirale démente uniquement pour ne pas perdre ses enfants !
L’impératif n°2 était de trouver les enfants. Pour respecter les lois qui protègent les enfants mineurs - ils ne doivent pas jouer plus de deux fois par semaine- nous avons monté trois équipes familiales, six enfants mineurs en tout, l’aînée Charlotte étant interprétée par la tendre Mathilde Meyer (17 ans). Nous avons rencontré une centaine d’enfants que nous avons auditionnés. C’était une aventure exceptionnelle ! La spontanéité que je cherchais à placer au centre de cette aventure familiale, je l’ai trouvé dans le regard et le sourire des enfants, (Manon Gaurin, Juliette Fleur, Eugénie Crenn, Pierre Augustin Crenn, Laurent Cazanave et Clément Chebli) avec qui nous avons formé les équipes qui, en alternance, soir après soir, constitueront la famille, coeur de l’action de cette comédie.
Puis il fallait rencontrer Miranda, l’épouse qui fait sauter la marmite parce qu’elle a décidé qu’elle avait assez ri avec un mari qu’elle jugeait irresponsable ! Il fallait trouver la comédienne qui pour incarner le rôle d’une femme active n’en est pas moins femme et n’en est pas moins mère !
Caroline Tresca possède le charme et l’humanité nécessaires pour le rôle. Elle a un sens du rythme dans l’authenticité, elle sait s’étonner dans une sincérité absolue, elle ne se la joue pas, elle incarne profondément chaque recoin d’une situation !
Nous avons créé un « beau- papa », dynamique, ayant le sens du cocasse, mais toujours dans l’authenticité et avec l’autorité d’un militaire à la retraite ! Une nouveauté par rapport au film puisque ce personnage n’existait pas mais nous souhaitions créer un réel amoureux transi pour Madame Doubtfire. Francis Lemaire nous fait sourire d’avance dans ce rôle !
Enfin lorsqu’un couple se désunit, et que la femme est désirable, le désir rôde et le séducteur n’est pas loin. Pour se la jouer et nous la jouer Jordy Serras s’impose en bel homme qui n’a pas peur du ridicule. L’univers dans lequel doit évoluer cette comédie doit être moderne et permettre d’être toujours dans le timing. C’est la raison pour laquelle tous les changements de décor seront à vue, afin que le spectateur vive en direct le maximum de sentiments, afin qu’il n’y ait pas de cassure de rythme, afin que passer du cinéma au théâtre devienne un plus. J'ai fait appel à un architecte et décorateur, Claude de Wulf pour réaliser les décors, à Christine Bernadet et son équipe de fées pour le « modelage » de Michel en Madame Doubtfire, et enfin à Jacques Rouveyrollis et sa sensibilité magique d'homme de lumières.
Enorme. Crampes de joures garanties. Michel LEEB eblouissant. Les enfants sont excellents. Tous les comédiens s'en donnent à coeur joie, dans des décors exceptionnels (surtout pour le coté...pratique). Formidable adaptation du film. A voir pour un grand fou rire avant l'été !
Enorme. Crampes de joures garanties. Michel LEEB eblouissant. Les enfants sont excellents. Tous les comédiens s'en donnent à coeur joie, dans des décors exceptionnels (surtout pour le coté...pratique). Formidable adaptation du film. A voir pour un grand fou rire avant l'été !
15, rue Blanche 75009 Paris