Henri Dutilleux aurait eu cent ans en janvier 2016. Sa disparition en 2014 a laissé orphelin le monde de la musique (artistes, mélomanes, jeunes musiciens, responsables d’institutions) qui voyait en lui une figure à la fois indépendante et bienveillante. Et ces qualités avaient été les siennes durant toute sa vie. Ce n’est que justice que les musiciens lui rendent aujourd’hui un hommage vibrant, lui qui a su rester lui-même, loin de toute chapelle, loin des polémiques. Tout un monde lointain : on ne pourrait pas rêver d’un meilleur titre pour montrer que ce lien n’est pas rompu, grâce à une musique à la force poétique intense et fragile, d’inspiration baudelairienne. Xavier Phillips incarne le violoncelle que Dutilleux a tant aimé : celui que Mstislav Rostropovitch jouait pour lui, lors de la création en 1970 à Aix-en-Provence.
Debussy et Ravel sont présents dans ce programme pour témoigner de l’attachement de Dutilleux au « son français ». Un son scintillant à l’orchestre grâce à des timbres subtilement alliés, étagés et dosés. Le monde entier a vu en lui un digne héritier de ces maîtres. Et Dutilleux le revendiquait en toute modestie, lui qui admirait tant leur style.
Au programme
Claude Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune, La Mer
Henri Dutilleux : Tout un monde lointain
Maurice Ravel : Pavane pour une infante défunte
221, avenue Jean-Jaurès 75019 Paris