Stéphanie, une « chieuse mystique » et Stéphane, « un goujat terre-à-terre » louent chacun de leur côté un bungalow en Bretagne. Traumatisés de l’amour, ils ne veulent surtout plus voir personne de l’autre sexe. Mais leur pire cauchemard arrive !
Ils sont locataires du même studio à cause d’un bogue internet. Dehors, c’est la tempête et ils doivent se supporter deux jours dans un meublé sans confort. Leurs drôles d’amis Zakia et Cassoum, mais aussi le douteux maçon monsieur Lee et la concierge excentrique madame Gonzales, pimentent au téléphone cette humiliante cohabitation. Pour eux, c’est un « Putain de Week-end ».
Cependant, quelque chose d’inattendu les guette…
Putain de Week-end est une pièce comique sur le thème de l’amour. Deux personnages qui ne veulent plus aimer ni rencontrer l’autre sexe ont loué le même studio en Bretagne. Comment vont-ils accepter de surmonter leurs traumatismes amoureux et leurs petitesses respectives pour se regarder et tenter de s’aimer ?
On pense à La Surprise de l’amour de Marivaux. Le texte de Stéphane Martino a ce type de profondeur humaine. Il a aussi la rigueur rythmique et comique d’un Feydeau. Il donne des possibilités multiples d’actions scéniques drolatiques, de quiproquos surprenants, de traitements originaux et de mises en situation inattendues. Il possède une vraie dramaturgie. Le thème initial de la méfiance des personnages face à l’amour est dans mon traitement poussé jusqu’à la paranoïa et donne lieu à un conflit comique sans merci entre les personnages pendant la première partie.
Ensuite, une sorte de confiance rampante s’installe entre nos deux héros après que Stéphane ait fait comprendre à Stéphanie qu’elle est endoctrinée par un escroc. Une confiance, mais d’une gaucherie notoire, d’une maladresse non assumée et d’une fausseté risible entre deux personnages qui s’ouvrent malgré eux à l’autre dans une sorte d’hypocrisie et de confessions réciproques plus ou moins assumées. Et c’est au bout du tunnel que surgit l’amour, alors que Stéphanie rend son dîner dans les bras de Stéphane après un repas trop arrosé. Un amour maladroit, ridicule qu’affronte Stéphanie, mais que Stéphane fuira d’abord avant de succomber.
Putain de week-end, c’est aussi des personnages hauts en couleur. Stéphanie d’abord. La chieuse mystique. Victime allumée d’un endoctrinement qui la dépasse. Et Stéphane, le goujat terre à terre, mufle, solitaire et aigri de la vie. Il est peu enclin à assumer les conflits ou à faire face à l’amour et possède une bonne dose de méfiance. Les deux caractères s’affrontent en une panoplie de bassesses humaines et de mystifications diverses. Puis les personnages surmontent leurs peurs et se déclarent à contretemps, plus maladroits que jamais. Cependant, ils deviennent humains et sensibles. Et les carapaces explosent alors que les protagonistes succombent avec un ridicule délicieux au joug implacable de l’amour.
Antoine Smadja
73, rue Rébéval 75019 Paris