Fatchima a de la tchatche. Et souvent un avis sur tout. La francitude, l'algéritude, les boucheries musulmanes, la politchique,... Elle vit en France depuis plus de trente ans. Hayat, sa fille, diplômée de Sciences Po, concours de l'Ena est chargée de com’ au ministère de la Visibilité. Ce soir, elle saura si elle y obtient un "sidi I", comme dit sa mère... Qui lui demande, en piston, un visa pour Fairouz, la cousine...
« La vérité, Monique ! Tu veux que je me réveille le matin et que je me dise : « Est-ce que je suis Fatchima d'ici ou Fatchima de là-bas ? » Nan ! Je me réveille, le matin et je me dis : « Hou la, la, j'ai envie d'un café ! » Comme toi Monique ! »... Le ton est donné et Fatchima va nous dire ses mondes, son identité, sa dualité, son « entre deux je ». Ici, là-bas...
Avec Monique la confidente, avec Monsieur Bernard « le bras droit de la tête du directeur », avec la sousoulogue et ses questions qui fatiguent, avec Freddy le voisin qui dit « chez nous » pour la France, pour l'Algérie mais aussi pour Tel Aviv, avec tous ces petits riens qui font le quotidien de l'humain... Ici, là-bas. Chez elle.
Avec Hayat, sa fille qui va devenir « visible » selon les directives gouvernementales, une « discrimination positive » à elle toute seule, avec Fairouz l'hôtesse de l'air au brushing impeccable, avec Yamina la cousine née à Montreuil, « un peu d'algéritude et beaucoup de francitude », avec le gars de Bagnolet qui préconise le hijab... « pour le respect ».
Et « de fil en pelote », et de mère en fille, c'est la tendresse, la rudesse, ou la bêtise de tous ces personnages qui sont ainsi livrées entre gouaille et retenue, dans la truculente chaleur des mots, dans la fièvre de l'accent. On rit beaucoup. Ici, là-bas, chez nous. On se sent un peu comme chez Souâd.
Bernard Magnier
« Un spectacle de Souâd Belhaddad mis en scène par Hala Ghosn à voir (de toute urgence) (...) Auteur et interprète du spectacle, Souâd Belhaddad se glisse dans la peau de ses personnages avec une joie évidente et un talent véritablement déconcertant.
(...) Religions, intégration, minorités, « visibilité », respect, traditions… Autant de termes ou de concepts qu’elle nous invite à examiner sous toutes les coutures, avec beaucoup d’humour et de subtilité.
On sort du spectacle ému, heureux, bluffé véritablement par la qualité de la performance et plein de gratitude pour Souâd Belhaddad, pour sa généreuse et profonde tendresse. » Olivier Rogez, RFI
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