On l’oublie, mais la poésie a été aussi « d’actualité ». Composé comme un quotidien, Stances a ses rubriques : faits divers, écologie, politique, art ou science, regroupant chacune un texte poétique et une chanson. La poésie est souvent réduite au territoire de l’intime ou à une forme incantatoire souvent obscure, celle de Jean Rouaud veut rendre le monde plus « voyant ». Il invite à se souvenir, à résister, à honorer cette langue française nourrie par des siècles d'écriture, de chanson, de poésie et qui est, à sa manière, une arme chargée de futur.
Première rencontre avec Jean Rouaud, premier temps de travail. Première lecture. Les premiers mots de Stances qu’il commence à lire : « Non impedias musicam, n’empêchez pas la musique ». Une citation de l’Ecclésiastique et déjà une orientation pour le travail à venir. Ne surtout pas empêcher la musique de Jean. Ne pas en faire un acteur, un personnage. Ou pire, une Figure. C’est Jean qui parle. Ici et maintenant. Jean écrit de la poésie et maintenant, il nous la lit. Nous conviendrons à la deuxième séance de travail qu’il faudrait d’ailleurs plus dire que lire. Qu’il lui faut (presque) oublier qu’il est l’auteur pour ne pas empêcher la musique du sens et de l’émotion. Celle qui naît au présent de ses mots réinventés face à nous. (...)
Pascal Reverte
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