Chacun peut disparaître n’importe où, au coin d’une rue, chez soi, dans une forêt. Chacun peut disparaître plusieurs fois par jour. Plongé profondément dans ses pensées. La route s’efface. La ville s’éclipse. Jusqu’à ce que ressurgissent du vide un lampadaire, une pierre ou un pigeon et que tout reprenne place. Comme lorsque la porte d’un cinéma ou la couverture d’un livre se referment et que l’on revient de là où l’on était perdu. Juste après l’horizon. Là où chacun oublie qui il est et où il va. Vanishing point.
Là où toute perspective s’échappe. Point de fuite. Là où toute chose est hors de vue, comme dissoute. Comme lorsque plus personne ne nous reconnaît sur une photographie, ne se rappelle de nous. Comme lorsque l’on ne se reconnaît plus soi-même, quand son propre visage effraie par surprise dans le miroir. Chaque ville disparue laisse le sable et les pierres, les prés et les océans reprendre leurs droits. Seules, la pensée et la mémoire résistent au temps, aux lieux et aux sens. Les disparus laissent autour de nous, dans les limbes des souvenirs, leurs invisibles traces.
Avec la magie, le jonglage et une justesse d’utilisation de la vidéo rarement égalée, Ville Walo et Kalle Hakkarainen explorent les traces que laisse dans le temps et dans l’espace le point de fuite. Hypnotique, surréaliste et réjouissante performance, où le magicien ne ressemble à aucun magicien, où le jongleur est plus qu’un jongleur : il danse, vit et respire avec et à travers les objets. Technique incroyablement précise, subtile ironie, émotions et poésie durables. Le meilleur du nouveau cirque septentrional subjugue indépendamment de toute loi naturelle.
32, rue des Cordes 14000 Caen