Un professeur de chimie passionné de jazz. Un lecteur de romans latino-américains qui met en scène Sartre et Mishima. Un écrivain congolais né... en Oubangui-Chari. Un romancier francophone qui enseigne... aux États-Unis. Sans doute, Emmanuel Dongala est-il tout cela. Il n’y a pas là, l’ombre d’une contradiction mais une somme de hasards et de passions, d’élans et d’aléas, d’intégrité et d’indépendance qui font de cet écrivain et de son oeuvre une belle singularité dans le paysage littéraire du continent africain.
Né en 1941 d’une mère centrafricaine et d’un père congolais, il a tout d’abord suivi les mutations de son père, instituteur dans l’ancienne Afrique équatoriale française (AEF), avant de s’en aller poursuivre ses études de biochimie en France puis aux États-Unis de 1961 à 1968. De retour à Brazzaville où il enseigne à l’université, il écrit et publie, en 1973, son premier roman, Un fusil dans la main, un poème dans la poche, puis, un recueil de nouvelles, Jazz et vin de palme, en 1981, suivis d’un autre roman, Le Feu des origines, en 1987. Ces titres, salués par la critique et quelques prix, sont appréciés des lecteurs et ont fait de lui l’un des écrivains africains les plus lus sur le continent et des plus traduits de par le monde.
Voilà donc, plus de trente ans qu’Emmanuel Dongala poursuit, avec exigence, son bonhomme de chemin romanesque, sans trop se préoccuper des vents, pourvu que ceux-ci ne soient pas trop violents, car la démesure et la folie il en connaît aussi les rigueurs... En 1997, sa maison de Brazzaville dévastée et pillée par les fureurs de la guerre, il ne lui resta plus qu’à emprunter les chemins de l’exil. Il se tourna alors vers la France où il avait été fait chevalier des Arts et Lettres, mais il était un chevalier sans armure et... sans visa car l’administration a ses raisons que la raison (et le cœur) ne peuvent entendre. C’est donc éconduit par le pays où il avait publié ses livres qu’il se tourna vers les États-Unis qu’il connaissait pour y avoir vécu et où son ami Philip Roth pouvait l’héberger et lui trouver un poste d’enseignant dans une université...
Aujourd’hui professeur de chimie et de... littérature francophone aux États-Unis, il poursuit son oeuvre en français, et a publié deux autres romans, Les petits garçons naissent aussi des étoiles, en 1998 et Johnny chien méchant en 2002. Cinq titres en un peu plus de trente ans, Emmanuel Dongala n’abuse pas de sa plume, mais son oeuvre témoigne d’une originalité et d’une diversité d’inspiration qui en font l’un des écrivains africains les plus intéressants et originaux du continent.
Bernard Magnier
Un fusil dans la main, un poème dans la poche, Albin Michel, 1973
Jazz et vin de palme, Hatier, 1981 ; rééd. Serpent à plumes, 2000
Le Feu des origines, Albin Michel, 1987 ; rééd. Serpent à plumes, 2001
Les petits garçons naissent aussi des étoiles, Serpent à plumes, 1998
Johnny chien méchant, Serpent à plumes, 2002
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