Dramaturge français (1655-1709)

• Biographie

Né à Paris dans une famille de commerçants aisés, Jean-François Regnard a une éducation des plus classiques. Son père, mort jeune, lui laisse une immense fortune, qu'il emploie à voyager. Les faits se distinguent mal de la fiction en ce qui concerne ses pérégrinations. D'Italie à Constantinople, d'une rive à l'autre de la Méditerranée, il se retrouve prisonnier des pirates barbaresques en 1678 et se voit vendu comme esclave à Alger. Libéré quelques mois plus tard contre rançon, il ne rentre à Paris que pour repartir, en avril 1681, cette fois pour l'Europe du Nord. Il parcourt les Flandres, la Hollande, passe ensuite au Danemark et séjourne à la cour du roi Christian V, puis en Suède et fréquente la cour de Charles XI, entreprend pour finir un périple en Laponie.

De son aventure algérienne, il tire La Provençale, récit romancé auquel il mêle ses amours avec Mme de Prades, puis de son expérience du Grand Nord, des Voyages, sans doute composés dès son retour vers 1682-1683, mais qui ne paraîtront qu'en 1731.

De retour à Paris, il achète une charge de trésorier de France qui, tout en lui faisant une position très honorable dans la noblesse de robe, lui laisse tout loisir de se consacrer à la littérature.

Il rejoint en 1688 les rangs des écrivains français de la Comédie Italienne. Il écrit six pièces en moins de trois ans, puis garde le silence pendant vingt-deux mois. Lorsqu'il retourne à la composition dramatique, il s'est trouvé un collaborateur et ami en la personne de Dufresny, qui a presque le même âge que lui. Associés, les deux hommes connaissent alors une période faste sur la scène de l'Hôtel de Bourgogne, ponctuée de francs succès (1692-1694).

Entre temps, ils ont chacun fait leurs débuts dans la troupe française. Mais l'amitié littéraire fait bientôt place à l'animosité à propos de l'affaire du Joueur (1697), lors de laquelle les deux dramaturges s'accusent mutuellement de plagiat. Cette rupture marque un tournant pour les deux hommes : alors que Dufresny reste fidèle aux Italiens, Regnard, encouragé par son succès, écrit exclusivement pour les comédiens français.

Regnard achète le château de Grillon, près de Dourdan, et s'offre les charges de Lieutenant des Chasses et de Lieutenant en la Maîtrise des Eaux et Forêts. Il devient alors un important magistrat local et mène une existence à la mesure de sa notabilité : il reçoit beaucoup, donne des chasses et se lie de près avec l'influent et scandaleux marquis d'Effiat, favori de Monsieur.

Après une brillante carrière de dramaturge, durant laquelle il est considéré comme un successeur de Molière, il meurt au château de Grillon en 1709.

• Son oeuvre

Pièces pour la Comédie Italienne : Le Divorce (1688), La Descente de Mezzetin aux Enfers (1689), Arlequin, homme à bonne fortune, La Critique de l'homme à bonne fortune, et Les Filles errantes, ou les intrigues des hôtelleries (1690), La Coquette, ou l'académie des dames (1691), La Naissance d'Amadis (1694).

En collaboration avec Dufresny : Les Chinois (1692), La Baguette de Vulcain (1693), Attendez-moi sous l'orme (1694, attribution contestée), La Foire Saint-Germain (1695), La Suite de La Foire Saint-Germain (1696).

Pour la Comédie Française : La Sérénade (1694), Le Bourgeois de Falaise et Le Joueur (1696), Le Distrait (1697), Le Carnaval de Venise (1699, comédie-ballet, musique de Campra), Démocrite et Le Retour imprévu (1700), Les Folies amoureuses (1704), Les Ménechmes (1705), Le Légataire universel et La Critique du Légataire (1708).