Piégés dans un oppressant centre des archives, marionnettes et acteurs voient leur cuir se durcir et leurs pensées s’épaissir. Peu à peu, les pantins font de l’ombre aux manipulateurs et le rapport de force s’inverse. Avec son humour féroce et sa poésie absurde, la pièce de Ionesco questionne toujours aussi virulemment les mécanismes de l’uniformisation de la pensée.

Des portes qui claquent, un salon bourgeois, des maris dupés, des situations rocambolesques dans lesquelles sont entraînés les personnages malgré eux, pas de doute, nous sommes bien chez Feydeau !

L’affaire se passe dans la Hongrie des années 70. Alors qu’il doit recevoir une rente d’invalidité pour une cécité avérée, Vencel, employé d’imprimerie, apprend par la commission d’évaluation qu’il est apte à travailler. Dès lors, se pliant au mot d’ordre idéologique contre l’évidence physiologique, il décide qu’il est voyant et la famille, comme les collègues, de s’aligner sans broncher. S’ensuit une cascade de rebondissements qui ne font qu’accuser les traits de l’incongruité.