Michel Ky Ho est né au fin fond des rizières, de ce qui s’appelait alors la Cochinchine, du temps où les coloniaux portaient casques blancs et sirotaient leur thé glacé à l’ombre des vérandas en bambou. C’était bien avant que les B 52 ne répandent leur mortel napalm, et ne dévastent les paysages idylliques de son enfance, bien avant que ne tombent le mur de Berlin ou les tours jumelles de New York, bien avant que les ours ne pleurent leur banquise fondue. C’était hier.
Débarqué un mois de février sur un quai de la Canebière, un jour que Marseille se couvrait d’un manteau inattendu de neige, Michel Ky Ho a trouvé sa nouvelle terre, insolite, insolente, parfois indolente, toujours superbe. Elle s’appelait, et s’appelle encore, la France.
Selon la manière dont son nom est prononcé, Ky Ho, signifie espérance d’un retour. Ce retour ne s’est jamais fait. Ce pays qu’il venait de rencontrer, il ne l’a plus quitté, y puisant une nouvelle culture, de nouvelles racines, une aventure enrichissante, artistiquement surtout.
La pièce de Michel Ky Ho, Le silence d’une page, est la première qu’il livre au public, lui qui des années durant a mis en lumière les autres, ces talents qu’il a découvert, couvé, amené à maturité en en exposant leurs tableaux, en produisant leur musique, en éditant leurs écrits.
Dès qu’il s’agit de parler de lui, Michel Ky Ho devient autiste. Le titre de sa pièce, Le silence d’une page, est révélateur de son état. Mais il faut entendre les acteurs l’interpréter pour comprendre la force et la richesse des non dits, de ces sentiments que la pudeur efface au fur et à mesure qu’ils naissent et meurent, silencieusement, comme les mots invisibles d’une page blanche, sur laquelle tout reste à écrire.
Cet(te) artiste n'est pas lié(e) en ce moment à un spectacle.
Pandora, Paris
Proscenium, Paris