Après avoir dansé pour Brigitte Farges, Daniel Larrieu ou Régine Chopinot, Alain Bufard a développé, à partir de Bleu nuit (1988), sa propre recherche chorégraphique, en s’inscrivant depuis 1996 dans le sillage revendiqué d’Anna Halprin - figure fondatrice à laquelle il a récemment consacré un documentaire, My lunch with Anna.
Centrée sur les questions du genre et de la sexualité, cette recherche s’est peu à peu ouverte à la narration et a atteint son acmé avec Les Inconsolés (2005), pièce magnifique qui aborde des sujets très sensibles avec une élégance remarquable. Les Inconsolés a également permis à Alain Bufard d’initier un dialogue intense avec la voix (parlée ou chantée) et la musique, dialogue aujourd’hui ardemment poursuivi avec (Not) a love song, qui se réfère à la comédie musicale hollywoodienne pour mieux la pervertir.
« Avec ce projet, je voudrais contaminer les codes musicaux et dramaturgiques du genre, en puisant dans ce qui m’a nourri depuis toujours et qui se trouve au confluent de musiques et de climats esthétiques très variés. » Ainsi contaminée, la comédie musicale se meurt et se mue en tragédie musicale, hantée par les réminiscences d’un certain cinéma - de Sunset Boulevard de Billy Wilder au Secret de Veronika Voss de Fassbinder, de Mae West à Andy Warhol - et par le sentiment inguérissable de la perte. Amour, jeunesse, beauté toujours s’en vont, seules restent les chansons…
Aux trois personnages de (Not) a Love Song, « qui se constituent dans l’ombre des souvenirs cinématographiques » et se confrontent aux froids verdicts des miroirs, Miguel Gutierrez, Vera Mantero et Claudia Triozzi prêtent leur voix, leur corps et leur art du dérapage raffiné.
Musicien : Vincent Ségal
Place Georges Pompidou 75004 Paris