Avis à ceux qui n’en ont jamais vu, dans ce spectacle des hommes tout nus !
Pieter Ampe est né au Burundi et a grandi à Gand, à l’époque où il fait bon être danseur en Belgique. La célèbre école P.A.R.T.S. de Bruxelles, un rôle récurrent dans The Song d’Anne Teresa De Keersmaeker, une virée, pas loin de là à Vienne au festival ImPulsTanz, où se crée un réseau au nom charmant : Sweet & Tender Collaborations…
On y retrouve ses acolytes : Guilherme Garrido, parti de Porto, « qui raconte une histoire, en se transformant en homme de scène déguisé en danseur contemporain », et un autre Portugais, Nuno Lucas qui, après s’être inauguré à l’âge de 5 ans dans « l’imitation des personnes de la vie publique, des chanteurs et des cris d’animaux », étudie la musique et l’économie avant de devenir danseur et chorégraphe.
Ami et collaborateur du précédent, l’Allemand Hermann Heisig se forme à l’école des arts de la scène Die Etage à Berlin, et réalise des installations, des performances, en solo, en groupe, en géométries biscornues.
Quatre garçons amateurs d’aventures, de mélange des disciplines et de collaborations à étages dans tous les coins de l’Europe.
Les premiers duos de Guilherme Garrido et Pieter Ampe s’appellent Still Difficult Duet puis Still Standing you. Des histoires d’amitié entre hommes – donc, à les en croire, des moments de sauvagerie et de rivalité, de gags débiles, de câlins, de trucs de brun portugais et de Flamand roux à longue barbe. Autre vision de la vie virile : Pieter, sous l’égide d’Alain Platel, monte un duo avec son frère aîné, Jakob, musicien et chanteur : une empoignade entre frangins pas si ennemis que ça, une chambre de garçons survoltée, bien nommée La Grande Tentative de réconciliation de Jake et de Pete pour les disputes du passé.
Poursuivant l’interrogation sur ces affaires d’hommes, ce travail en quatuor pousse le bouchon encore un peu plus loin. Selon la célèbre phrase de Brassens, « Dès qu’on est plus de quatre, on est une bande de cons »… Oui, mais, que faire à quatre, sinon les cons ? Sortir des paillettes et des ballons, des objets détournés et d’autres retournés, une batterie pour taper dessus… Et, si ça ne suffit plus, on peut se monter dessus et se descendre, se mesurer, se cacher, se courir après, s’épater, se faire des sales blagues et quelques gentillesses. Il était déjà bien difficile d’exister tout seul. À deux, c’est pas gagné, à trois, ça se complique, alors à quatre, excusez du peu…
Flamboyante et poilue, tendre et farceuse, leur microsociété est en tout cas bêtement jouissive à regarder. La communauté n’est peut être pas encore faite, mais ne bougez pas, on sent que ça vient.
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