Yàtrà : Le voyage à partir de deux points fixes sur le globe, réunis et mis en mouvement par les chorégraphes Andrés Marín et Kader Attou.
Deux expressions artistiques, flamenco et musique du Nord de l’Inde, dont les racines communes ont souvent été sources de dialogues et d’échanges fructueux.
Andrés Marín s’inscrit cependant moins dans la rencontre ou la fusion que dans l’interprétation d’une Inde d’aujourd’hui depuis son regard contemporain.
Il faut ici imaginer un voyage vers une Inde au présent, un songe dansé depuis un flamenco actuel. Faire vivre l’Inde, ici et maintenant. Une Inde plus réelle. Depuis un regard singulier. Aller vers l’autre et l’amener à soi, le faire sien tout en se faisant autre.
Il s’agit moins de proposer une nouvelle rencontre de deux musiques ethniques fortement impulsées par la tradition que d’aller de l’avant, d’explorer un espace partagé, celui des villes plurielles dans un monde que la globalisation tend à aplanir, mais où l’Inde reste indienne à Londres ou à Paris et où le flamenco s’actualise au filtre de ses codes multiséculaires. Rien d’étonnant alors qu’une expression artistique urbaine telle que le hip-hop de Kader Attou vienne s’immiscer tout naturellement dans cet échange à plusieurs voix.
Andrés Marín et Kader Attou cherchent à dépasser l’habituel dialogue et à se fondre dans l’esthétique de l’autre. Mais ils posent un regard actuel sur ces arts ancestraux, afin de les dépouiller des artifices, des clichés qui les ont vidés de leur véritable substance, pour mieux en retrouver l’essentiel, la simplicité. Le chorégraphe sévillan et le magicien de la scène Kader Attou veulent ici s’éloigner d’une Inde romantique et montrer que la tradition n’est pas un réduit, un rempart contre la modernité, mais qu’au contraire, revisitée, elle est le moteur même de cette modernité dont elle reste la colonne vertébrale.
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