Angelin Preljocaj - Le Sacre du Printemps / L'Annonciation

Clamart (92)
le 17 décembre 2002

Angelin Preljocaj - Le Sacre du Printemps / L'Annonciation

" Lorsque j’écoute le Sacre du Printemps d’Igor Stravinski, véritable lame de fond de la musique du 20ème siècle, il me semble que ce qui transpire de l’œuvre, relève autant de l’ordre de la fascination que d’une terreur ancestrale. " Angelin Preljocaj

Présentation
Un mot du chorégraphe
Le Ballet Preljocaj
La naissance du printemps par Daniel Barenboïm
La presse

Le Sacre du Printemps (2001)
Chorégraphies : Angelin Preljocaj
Pièce pour 12 danseurs
Musique : Igor Stravinski – Interprétation : Chicago Orchestra - Direction : Daniel Barenboïm

L’annonciation (1995)
Chorégraphies : Angelin Preljocaj
Pièce pour 2 danseuses
Musique : Stéphane Roy (Crystal Music) Antonio Vivaldi (Magnificat)
Ensemble International de Lausanne - Orchestre de Chambre de Lausanne
Scénographie : Angelin Preljocaj - Lumière : Jacques Chatelet - Costumes : Nathalie Sanson

Preljocaj a longtemps refusé de se mesurer à cette œuvre phare qui fit en 1914, à sa création à Paris, tout le scandale que l’on sait. Lorsque Daniel Barenboïm lui propose de monter cette pièce pour le Staatsoper à Berlin, il n’hésite pas. Il va dès lors mener un affrontement passionné avec cette musique forte et impérieuse, qu’il ressent comme « une pure tragédie sensuelle », mêlant fascination et effroi face au désir. Comme pour les autres ballets russes auxquels il s’est confronté, Preljocaj ne se situe pas dans l’hommage ou la célébration mais dans une recréation totale. A travers ce thème qui lui est cher : le sort de l’individu face à la communauté, on retrouve l’audace et la provocation qui ont fait sa notoriété. Ancien danseur de Bagouet, Preljocaj jouit aujourd’hui d’une renommée internationale. Il apparaît ici, comme le digne héritier de Nijinski, à qui il rend un vibrant hommage.

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Lorsque j’écoute le Sacre du Printemps d’Igor Stravinski, véritable lame de fond de la musique du 20ème siècle, il me semble que ce qui transpire de l’œuvre, relève autant de l’ordre de la fascination que d’une terreur ancestrale.

Cette musique n’a de cesse de charrier la lente montée du désir, en même temps qu’une sorte de panique contenue.

Mélange d’affolement à l’idée d’un passage à l’acte littéralement dicté par nos molécules et de jubilation attisée par nos sens, l’élan signifié ici possède la force de l’irrémédiable.

Les corps confrontés à cette mécanique ancestrale, ivres d’épuisement ne peuvent que participer à ce rituel.

Réunissant le clan autour d’une pulsion somme toute biologique, Le Sacre du Printemps nous rappelle qu’aussi loin qu’iront les hommes et les femmes dans leur quête spirituelle, culturelle ou intellectuelle, ils ne cesseront de buter irrémédiablement sur cette faille.

Comme l’évoque Pascal Quignard dans le Sexe et l’effroi : « Nous transportons avec nous le trouble de notre conception. Il n’est point d’image qui nous choque qu’elle ne nous rappelle les gestes qui nous firent. »

Angelin Preljocaj

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Créée en décembre 1984, la Compagnie Preljocaj devient Centre Chorégraphe National de Champigny-sur-Marne et du Val de Marne en 1989.

Devenu Ballet Preljocaj, Centre Chorégraphique National de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur de la ville d’Aix-en-Provence et du département des Bouches du Rhône en 1996, le Ballet est aujourd’hui installé à la Cité du Livre à Aix-en-Provence.

Depuis la fondation de sa compagnie, constituée aujourd’hui de 24 danseurs, Angelin Preljocaj a créé plus d’une vingtaine de chorégraphies, dont sept sont actuellement au répertoire, du duo aux grandes formes.

Résolument contemporain et axé sur la création, la diffusion de son répertoire en France et à l’étranger représente l’une des priorités du Ballet.

Angelin Preljocaj est aujourd’hui parmi les chorégraphes européens qui jouissent d’une très forte réputation internationale.

Quand il quitte la compagnie de Dominique Bagouet, Angelin Preljocaj étonne par le choix de ses sujets : la statuaire des monuments aux morts dans A nos héros (1986), l’héroïsme de Jeanne d’Arc dans Hallali Romée (1987), la solitude du sexe dans Liqueurs de Chair (1988). Auparavant, il avait gagné le Concours de Bagnolet avec Marché Noir, titre satirique par lequel il donnait son opinion sur les concours, en général. Dès Larmes Blanches, en 1985, son écriture est là : musicale, abstraite, sûre d’elle-même. Alors, il a envie de risquer un pari : celui d’inscrire sa danse dans l’histoire du ballet depuis sa création au XVIIe siècle. Il ne refuse aucun héritage.
Ainsi, il chorégraphie Roméo et Juliette (1990) pour le Ballet de l’Opéra National de Lyon sur des décors d’Enki Bilal, puis Le Parc (1994) pour le Ballet de l’Opéra de Paris, un voyage complexe au pays de la carte du tendre. Enfin, le Ballet de Nancy lui a passé une commande pour 1997 : il va recréer Larmes Blanches. Animé du même esprit, il présente une « re-visitation » de Noces, de Parade, du Spectre de la Rose, une démarche qu’il intitule « Hommage aux Ballets Russes » (1993 ).

Au Festival de Châteauvallon, puis à Avignon, il crée un ballet sur un livret de l’écrivain Pascal Quignard : une tragédie musicale réussie, audacieuse, L’Anoure (1995). Preljocaj, en dix ans, a tracé un chemin à part, original.

La danse d’Angelin Preljocaj par Dominique Frétard
Extrait de La danse en France 1996 – Chronique de l’AFAA

Depuis 1996, date à laquelle le Ballet s’implante à Aix-en-Provence, il change catégoriquement de registre. Laissant de côté les références aux classiques, il entreprend de questionner le texte comme matérialité phonique où la voix, entre oralité et langage, est source de métamorphose des corps. Il ose aussi questionner l’art et le goût dans un cycle de3 créations : Paysage après la Bataille pour le Festival d’Avignon en 1997, Casanova en 1998 commandé par l’Opéra de Paris et Personne n’épouse les Méduses en 1999.

Parallèlement, en 1997, il conquiert le public américain en créant La Stravaganza pour le New York City Ballet et remporte les Bessies Awards pour la Danse avec le duo de l’Annonciation à l’issue d’une importante tournée aux Etats-Unis.

En 2000, à l’heure du règne de la virtualité, des images de synthèse et de l’implosion de la danse, il crée Portraits in Corpore, installation chorégraphique où s’établit un dialogue entre le corps des danseurs et leur image. Il poursuit cette démarche avec les dernières créations MC14/22 et Helikopter.

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« J’ai confié à mon orchestre, la crainte qui s’empare de tout esprit à la sensibilité aiguisée, devant la puissance des éléments… J’ai voulu rendre la terreur panique de la nature face à la beauté, une peur sacrée du soleil de midi, un cri universel… C’est comme cela qu’il fait que l’orchestre tout entier traduise la naissance du printemps. " Daniel Barenboïm

Bref rappel historique

La partition du Sacre du Printemps a été écrite dans les années 1912-13. Igor Stravinski créait avec cette œuvre un classique de l’école moderne et même temps, comme l’a dit Arthur Honegger, une « bombe atomique de la nouvelle musique ».

La première, le 29 mai 1913 à Paris, chorégraphiée par Vaslav Nijinski, a donné lieu à l’un des plus grands scandales de l’histoire du spectacle. On se sentait trop civilisé et trop bien élevé pour être capable d’accepter cette œuvre.

Pourtant, quelles que soient les difficultés d’exécution de cette musique considérée à l’époque comme injouable, après une nouvelle mise en scène des Ballets Russes, rien n’allait plus arrêter la marche vers le triomphe des ondes sonores de Stravinski : « il me semble que j’ai pénétré le secret du rythme du printemps » écrivait-il alors qu’il composait la pièce.

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" … il y a longtemps que l’on avait pas vu le Ballett Lindenoper aussi frais, spontané et contemporain.. C’est beau. C’est concentré. C’est vrai. Ce Sacre, absolument moderne, est mieux que tout ce qu’il y a eu de nouveau pendant les dix dernières années dans cette maison. " Die Welt - mai 2001

" Preljocaj triomphe avec sa puissante énergie… Il met sur scène (des danseurs) qui mettent littéralement le feu, avec leurs jambes, leurs bras et leurs corps mi-nu… A la fin la victime de l’amour est élue et sacrifiée sous le regard des autres. Humiliation et satisfaction du désir arrivent à leur sinistre fin. Le rideau peut tomber. " Berliner Morgenpost - mai 2001

" La tête épique
Preljocaj a la tête épique. Entendons par épique la préoccupation du chorégraphe de mener ses danseurs à une manière de combat où l’exigence de dépassement est la loi première. Jan Fabre a parlé « des guerriers de beauté », Preljocaj pourrait bien nommer ses danseurs soldats de l’impossible.
Lors des répétitions, Preljocaj guette la liberté du danseur et lorsqu’il sent le mouvement juste, il fond sur lui tel un oiseau de proie. La vérité du geste qu’il tient une fois, il ne l’a lâchera plus. " Bernard Raffalli

" … Son sacre est non seulement totalement étonnant, mais fort émouvant. Il fallait toutes les connaissances musicales du chorégraphe pour oser prendre le sujet de la partition à rebrousse-poil. " Dominique Frétard - Le Monde

" Angelin Preljocaj ne déguise pas : chaque danseuse ôte sa petite culotte blanche, les couples se forment immédiatement. Le décor, en contraste avec les costumes contemporains des danseurs, évoque une steppe néolithique, les corps se laissent aller, franchement, brutalement même, aux pulsions d’une musique très tellurique… Le trouble n’est pas loin : il s’installe au cœur de chaque spectateur quand vient le moment de choisir l’élue… Pour Preljocaj, pas de victime expiatoire et consentante mais une femme qui se dresse dans une nudité triomphante avant de s’abandonner… ce Sacre du printemps du début du monde, dont la musique vous emporte, dont la danse vous immerge au cœur du mystère éternel : l’attrait des corps, être deux, puis un… " Josiane Guéguen - Ouest France 11 octobre 2001

" Quand on a vu le Sacre de Preljocaj… on se dit qu’on ne peut guère aller plus loin. Iconoclaste ? L’Albanais nous avait prévenus. Ce sera un «rite social». Ne commence-t-il pas par une provocation ? Les filles baissent leurs petites culottes. Danse érotique ? Nenni. Erotisme de la danse ? Plutôt. Viol collectif ? Un simulacre, seulement. Le « culte de la terre » comme premier tableau sera viril, hard, musclé, un réel corps à corps où les clans s’affrontent, où les corps s’affolent, où le combat faunesque domine. Cortège primate ? le rituel païen devient rituel humain, un peu bestial comme l’est l’homme souvent. " Georges Masson - Le Républicain Lorrain 26 octobre 2001

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le sacre du printemps Par Mireille G. - 19 octobre 2017 à 15h32

l'irrésistible ascension du désir

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le sacre du printemps Par Mireille G. (1 avis) - 19 octobre 2017 à 15h32

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22, rue Paul Vaillant-Couturier 92140 Clamart
Spectacle terminé depuis le mardi 17 décembre 2002

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