La chanteuse Angélique Ionatos choisit, dans son nouvel album, de chanter trois poètes différents, dans trois langues différentes : Pablo Néruda en espagnol, Kostis Palamas en grec et, en épilogue, Anna de Noailles en français.
Jamais la compositrice et chanteuse grecque ne s’était aventurée aussi loin. Angélique Ionatos ne fait pas deux fois pareil. Le titre annonce la couleur. Eros y Muerte. Un entrelacs de poèmes d’amour et de mort en grec et en espagnol. Elytis et Neruda, et bien d’autres textes admirables dans la langue de son pays, dont elle offre en primeur à son public français la richesse, la diversité des images, la puissance d’évocation – avec des inclusions françaises, notamment une bouleversante transmutation musicale de L’Empreinte ; les vers sensibles et sauvages d’Anna de Noailles projetés dans le ciel par cette voix inimitable.
Cette voix grave et suave, puissante et veloutée, toujours sensuelle ; cette voix qui vous transperce, vous saisit, vous emporte, a conquis un public inconditionnel. Et pourtant Angélique est d’abord compositrice, la création musicale est sa passion première. S’y ajoute la soif de poésie, si bien qu’avec Eros y Muerte elle conjugue ses amours : pour la musique, le verbe, le chant. Et pour la scène, car elle le dit : « Je ne suis jamais aussi heureuse qu’en scène… »
Toutes les musiques sont d’elle, composées à la guitare avant qu’un autre artiste inspiré les orchestre, le violoniste Michael Nick. Sur scène, c’est lui qui cisèle l’accompagnement instrumental en compagnie d’un grand du bandonéon, César Stroscio et la superbe basse de Claude Tchamitchian. Dans l’écoute mutuelle, sensible, affinée, de gens accoutumés à improviser, ailleurs, ensemble. Si bien qu’avec leur complicité, Angélique Ionatos offre bien autre chose qu’un classique « tour de chant » – un spectacle qui échappe aux catégories.
Ces quatre-là, sur la scène des Abbesses, vont prendre le public sous un charme insaisissable : douceur et violence, tendresse, lucidité du désespoir et ténacité de la joie tissent une bulle mystérieuse dont le spectateur voudrait ne pas sortir, retardant de rappel en rappel l’instant de passer à la phase du souvenir.
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