Autour du chat noir

Note d'intention
Note de mise en scène
Note littéraire
Florilège

AUTOUR DU CHAT NOIR est un spectacle animé par l'incroyable Rodolphe Salis. Sans oublier ceux qui hier et aujourd'hui incarnent l'esprit Montmartrois. Une évocation libre d'un lieu ouvert aux paroles, aux écrits et aux chansons.
 " Qu'est-ce que Montmartre ? - Rien !
Que doit-il être ? - Tout ! " Rodolphe Salis

Note d'intention

Après le succès remporté par son spectacle sur Jacques Prévert : CEUX QUI ... s'ennuient le Dimande après-midi (2 mois aux théâtres MOUFFETARD et de l'ILE ST LOUIS dans le cadre des Fêtes d'automne de la Ville de Paris et une tournée en 99-2000) la Compagnie CRIMAILLEUR propose pour la saison à venir son nouveau spectacle :

Autour du chat noir

Fidèle à ses principes de théâtre de divertissement culturel, la Compagnie CRIMAILLEUR a choisi à travers ce montage de poésies et de chansons de faire revivre l'esprit montmartrois qui habitait les célèbres Cabarets de la Butte (Le Château rouge, l'Elysée Montmartre, le Mirliton, les deux Moulins Rouges, la Grande Pinte, le Moulin de la Galette, le Lapin agile...).

Cet air du temps, ce souffle libertin et libertaire, cette façon d'être, cet esprit chansonnier n'est pas seulement une manière tolérante ou désinvolte de mélanger des créateurs aux oeuvres littéraires antagoniques, des peintres d'esthétiques opposées, des philosophes aux idées inconciliables, des compositeurs aux musiques dissonantes. C'est aussi un comportement existentiel en phase avec l'état d'incertitude et de doute d'une société qui vient de perdre une guerre (70) et de voir réprimer dans le sang le rêve libertaire de la Commune de Paris. D'où cette cohabitation effarante dans les Cabarets montmartrois entre la recherche de l'authentique et les parodies les plus absurdes.

Au Cabaret du Lopin à Jules, tout est possible pour s'abstraire des contingences sociales, des croyances établies qui mènent au désastre : la farce, le scandale, la bière, l'absinthe, le travestissement, la pantomime, la musique, l'art, les jeux d'ombres.

Alors PASSANT, ARRETE-TOI

Cet édifice est consacré aux Muses et à la Joie

Bernard Havette

Note de mise en scène

Il est minuit.

- Un couple de bourgeois noceurs s'encanaille avec mirlitons et serpentins.

- Ils traversent la salle en chantant :
Je cherche fortune
Autour du Chat Noir
Au Clair de la lune
A Montmartre le soir

- Le rideau s'ouvre - L'enseigne du Lopin à Jules clignote.
Côté jardin : un pianiste-serveur-académicien reprend la chanson en choeur. Sur le piano des roses blanches, un chandelier Louis XIII.
Côté cour : un guéridon et plusieurs tabourets. Sur le guéridon, un cendrier en forme de crâne humain. Des verres, le goutte à goutte, l'absinthe devient verte.
Au centre : Devant, une table de maquillage entourée d'ampoules allumées. Un travesti se maquille - Une photo, le sourire d'Yvette Guilbert.
Au lointain : Un portant de costumes épinglés aux noms de Rabelais, Villon, du Cardinal de Richelieu, de Melle de Scuderi, Voltaire, Diderot, Robespierre, Mme de Récamier, Baudelaire, George Sand, le boa de la Goulue, la lyre de Victor Hugo, des jupons du cancan, la palette de Lautrec etc.

- Le pianiste entame un pot-pourri des airs à la mode d'hier (1870) et d'aujourd'hui (1900).

- Les deux comédiens et le pianiste vont ainsi de textes en chansons et dans chacune des aires de jeu, nous faire passer une soirée montmartroise au Lopin à Jules. Le Public se régale des poèmes de Bruant, Gondeau, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, Jehan Rictus, Apollinaire et le vers devient libre. Il s'étonne des soties de Satie et la musique l'embarque. Il s'esclaffe aux maximes d'Alphonse Allais et la verve populaire s'en mêle. Il chante en choeur avec Bruant, Yvette Guilbert et Fréhel et retient les larmes de la révolte.

Il rêve à un lieu qui n'existe plus, qui n'existe pas où se côtoient poètes, compositeurs, musiciens, dessinateurs, paroliers, artistes, intellectuels, ouvriers...

Il imagine un soir à Montmartre...

Bernard Havette

Note littéraire

Lève la jambe.... dit Degas
Que je te croque ! répond Utrillo
Transformer le monde dit Marx
Changer la vie dit Rimbaud
Viens Poupoule... Viens Poupoule... Viens ! ! Chante Lautrec
Au Lopin à Jules on bat les cartes. A la belotte des idées neuves, ils sont tous là de Nerval à Apollinaire

Les eaux de la Seine ont rongé les plateaux calcaires, issus des dépôts de la mer tertiaire et du père colateur, creusé une vallée aux belles rives et amples boucles ne laissant subsister que sept collines dont celle de Montmartre.

- Mais oui, Montmartre est un gruyère ! dit Goudeau
- Le meilleur du gruyère c'est le jambon ! répond Allais
- Du gruyère, bande de rat ! et tout le monde de chanter : " Ah c'est les rats - C'est les rats... les aristocrates à la lanterne...

Monte Mercore quand Henri IV attaque sa capitale, alors aux mains des ligueurs, toute une littérature développe à loisir le thème des débauches royales.
- Fils de pute qui a couché avec notre mère l'Eglise et fait Dieu cocu au Sacré coeur dit Bruant.
- Et a engrossé toutes les abbesses de Montmartre répond Duchepin.

Montmartre a trouvé son style. Et ses vignes leur réputation. Certes sa robe est claire et courte mais elle a de la cuisse.

Mais de là à en arracher des pieds pour n'en laisser qu'un lopin... Y'a à voir ! clame Jules Jouy
- On touche pas au kilt du Père Pinard et fils dit Ponsard
- C'est du vin de Montmartre ! Qui en boit pinte en pisse quatre répond Gill
- Heureusement il reste quelques herbages s'exclame Jehan Rictus
- " Je vois croître à plaisir l'oseille et la laitue

C'est là que dans son temps des moissons d'artichauts
Du jardinier actif fécondent les travaux
Et que des champignons, une couche voisine
Ne fait quand il me plaît qu'un saut dans la cuisine " Conclut J.F. Regnard

La Commune de Montmartre naît en mars 1790

La guerre de 1870 et la signature d'une paix honteuse : Montmartre s'enflamme, les clubs révolutionnaires se multiplient. Le plus connu est le Comité de vigilance des citoyens avec Andrée Léo, Paul Mink et Louise Michel.

- Déjà les pétroleuses et des anarchistes dit Marrot
- Non ! Encore ! répond Ponchon
- Sur cette butte là, y'avait pas de gigolette... chante Yvette Guilbert

Roulement de tambour : " La nuit tombe " ... BOOM

Terre promise des plaisirs interdits, les amoureux de la nuit, les jouisseurs impénitents ont trouvé leur patrie. On parle de la nouvelle Babylone : Les maisons de passe, les maisons de jeu, des modestes guinguettes, des dancings louches. Un nouveau type d'établissement apparaît " le Cabaret " qui retrouve la tradition des encyclopédistes du Procope : Le Chat Noir etc. etc.

Et au petit matin leurs visages n'avaient pas " la noirceur de l'enfer " , elle était plutôt grise, comme un pot qui serait resté trop de temps au four et serait un peu trop " cuite " . Rien ne s'oppose à être " clerc " le jour et noceur la nuit pour aimer le jeu, l'alcool et les femmes... aurait pu écrire ce cher compagnon de François Villon.

- Et dix de der dit Mallarmé
- Une dernière ? répond Verlaine.

Patrick Martin

Rimbaud : " Les colères folles me poussent vers la bataille de Paris où tant de travailleurs meurent " .
Baudelaire : Donne des coups de pieds à l'écriture et à la morale. Miroir du lecteur et de l'écrivain, la Poésie sort de la " Tour d'Ivoire " et se met à la fenêtre.
Apollinaire : C'est aux poètes de décider s'ils ne veulent point entrer résolument dans l'Esprit nouveau : Ennemi de toute école.
Léo Ferré : " Mais qu'ont-ils donc à rentrer si tard les Artistes. J'avais sur le futur des mains de cordonnier ! " 
André Breton : " Transformer le monde " disait Karl Marx. " Changer la vie " s'écrie Arthur Rimbaud. Ces deux mots d'ordre n'en font qu'un " .

Ces poètes rebelles changent le contenu puis le cadre glacé de la poésie dans un immense fracas étincelant de verre brisé sous les pieds des conventions de façade de la bourgeoisie.

Patrick Martin

Les Eaux de la Seine avaient rongé les plateaux calcaires de la mer tertiaire, creusé une vallée aux belles rives et amples boucles ne laissant subsister que sept collines dont celle de Montmartre (le père du secondaire trouva l'idée globalement positive).

Montmartre, Commune libre, depuis la Révolution avait déjà une réputation assez sulfureuse. Surtout depuis qu'Henri IV assiégea sa Capitale, alors aux mains des Ligueurs. Ce mont stratégique fit couler beaucoup d'encre sur les débauches royales.

 " Fils de pute qui a couché avec notre mère l'Eglise, fait Dieu cocu au Sacré-Coeur et engrossé toutes les abbesses de Montmartre " .

Montmartre vient d'affirmer sa réputation !

Ce Petit Village champêtre de la grande couronne, avec ses moulins, sa carrière et ses pâturages, attirait dans ses cafés, dans ses tavernes-cabarets, une clientèle pour boire, rire, chanter et danser. Ces établissements d'un genre nouveau furent nombreux et différents. Du cabaret où l'on se retrouve pour parler librement, au cabaret salace qui multiplie les " on " et les ouilles " . Pendant que des " Messieurs " se livrent à la débauche avec les filles publiques, les naïves midinettes et les employées incapables de se défendre, sinon la misère, le froid, la zone... Le Vin de ses vignes y coule à flots. Certes sa robe est moins longue et plus claire que celui de la Goutte d'Or, mais il a de la cuisse et tient mieux en bouche !

Avec toute cette poussière blanche, ça donne soif !

Sacrilège ! On touche pas au kilt du Père Peinard & fils, pinard et compagnie. C'est à Montmartre çà ! C'est notre patrimoine à nous ! Ecoutez la douceur de ces herbages :

 " Je vis croître à plaisir l'oseille et la laitue
C'est là que dans son temps des moissons d'artichauts
Du jardinier actif, fécondent les travaux
Et que des champignons, une couche voisine
Me fait quand il me plaît qu'un saut dans la cuisine " . J.-F. Regnard

Voilà ! C'est beau ! C'est gai ! C'est champêtre ! Ça donne faim !
- Allons fêter ces valeurs universelles qui font de nous, les Rois du Monde, notre Culture gastronomique, potagère et pâtissière ! ...

Montmartre et ses carrières ! Un vrai gruyère !
Mais de là à crier " Ah c'est les rats, c'est les rats, les aristochats à la lanterne !
Ah c'est les rats, c'est les rats, les aristochates à la poterne !...
Y'a exagération ! Le meilleur du gruyère, c'est le jambon !

Et vint la guerre de Napoléon ? " III "  ? La France signa en 1870 une paix jugée " honteuse " pour la plupart. La Commune de Montmartre la refusa en 1871. Deux généraux venus reprendre les " 200 canons " furent fusillés. Pendant que le gouvernement est à Versailles (ou un jour à Vichy, à Bordeaux) Montmartre est livrée aux Prussiens et s 'enflamme. Des clubs révolutionnaires se multiplient. Le plus connu est le " Comité des Citoyennes " de Paule Mink, André Léo et Louise Michel

Déjà des " pétroleuses "  ! Non ! Encore !

Montmartre a montré sa vaillance et son esprit libertaire. De 1871 à 1914. Le calme est revenu après la terrible répression. La bourgeoisie prospère. Youp là BOUM ! ! ! La nuit tombe... C'est le Mont Blanc ! Non, le Sacré Coeur ! " S'enrichir " est le mot d'ordre. Montmartre draine les noceurs, les jouisseurs et les plaisirs interdits.

On parle de la nouvelle Babylone. Maisons de passes, maisons de jeux, modestes guinguettes, dancings louches. Un nouveau type d'établissement apparaît le " Cabaret " qui retrouve la tradition des encyclopédistes du Procope : Le Chat Noir et sa cohorte de noms célèbres en est le plus connu.

Et au petit matin leurs visages n'avaient pas " la noirceur de l'enfer " , elle était plutôt grise, comme un pot qui serait resté trop longtemps au four et serait un peu trop " cuite " . Rien ne s'oppose à être " clerc " le jour et noceur la nuit pour aimer le jeu, l'alcool et les femmes ... aurait pu écrire ce cher compagnon de François Villon.

- Et dix de der !...

- La dernière !- La der des der ? Patrick Martin

Florilège

Il n'y a pas d'ordre chronologique. Cela serait le fait du hasard. Il y a des " Correspondances " et des " Champs magnétiques " ... Les Poètes répondent à des questions que les gens ne se sont pas encore posées... Le poète est un " Voyant "  ! Il vient du futur.

Patrick Martin

- LE CHAT NOIR Aristide Bruant
- ROSE BLANCHE
- DANS LA RUE
- ADJECTIVISME ADVERBIAL Emile Goudeau
- LE MOULIN DE LA GALETTE René Ponsard
- ON EST PAS SERIEUX QUAND ON A 17 ANS Arthur Rimbaud
- LES ILLUMINATIONS (Extraits)
- UNE SAISON EN ENFER (Extraits)
- L'ALBATROS Charles Baudelaire
- AU LECTEUR
- SPLEEN
- A UNE PASSANTE
- SERENADE A LOUISE MICHEL Clovie Hugues
- SUR LA BUTTE Jules Jouy
- LE HARENG SAUR Charles Cros
- VISION
- A STEPHANE MALLARMÉ Paul Verlaine
- POEMES SATURNIENS (Extraits)
- BRISE MARINE Stéphane Mallarmé
- APRES MIDI D'UN FAUNE
- BALLADE DU ROI DES GUEUX Jean Richepin
- SONNET CONSOLANT
- PLUS DE CORS ! Maurice Mac Nab
- AUTOUR D'UN FIACRE
- L'EXPULSION
- L'ABSINTHE Raoul Ponchon
- POUR CAUSE D'ÉDILITÉ PUBLIC
- LE REVENANT Jehan Dictus
- CE QUE JE SUIS Erik Satie
- LE PONT MIRABEAU Apollinaire
- LA CHANSON DU MAL AIMÉ (Extraits)
- LE GAND JEU (Extraits) Benjamin Perret

 " Tous vos masques sont sur mon visage, toutes vos voix sont dans ma voix, tous vos âges sont dans mon âge, tous vos coeurs sont dans mon coeur et j'ai l'âme de toutes les vôtres. Humanité, tu es un corps dont je me sens la peau ... Et voilà pourquoi je sais te chanter. " Yvette Guilbert

ARISTIDE BRUANT
- A Montmartre - Nini Peau d'chien -
A la goutte d'Or - Sur la route de Louviers - Aux oiseaux ... etc. etc.

MAYOL
- Viens Poupoule

THEODORE BOTREL
- Les lilas blancs
- La Paimpolaise

VINCENT SCOTTO
- Sous les Ponts de Paris

YVETTE GUILBERT
- Je suis pocharde
- Le fiacre
- Madame Arthur
- Les quatr'étudiants
- Les boudins et les boutons (Partie carrée)

DAMIA
- Le grand Frisé
- La rue de notre amour
- Les roses blanches

BERTHE SYLVA
- Frou Frou
- Arrêtez les aiguilles
- Fleur de misère
- La Tonkinoise

ESTHER LEKAIN
- Le petit coeur de Ninon

MARC HAVET
- La ceinture de flanelle

LISE GAUTY
- Le chaland qui passe
- A Paris dans chaque faubourg
- Les petits pavés

FREHEL
- Ou est-il donc ?
- La java bleue
- Du gris
- Comme un moineau
- Ils ont les mains blanches

LEO FERRÉ
- Verlaine et Rimbaud
- La Mémoire et la Mer

JEAN BATISTE CLEMENT
- Le temps des cerises