Belle, au bois dormant de larmes écarlate(s)

Présentation
Au fil des années avec la Russie…
Belle, au bois dormant
De larmes écarlate(s)…
C’est l’hymne à la beauté
… Impressions de répétitions

Présentation

Historien, critique de danse, directeur de la compagnie d’Ekaterinbourg, Oleg Petrov a sollicité la chorégraphe française Karine Saporta qui entretient depuis près de dix ans des liens privilégiés avec la Russie pour créer sa version du célèbre ballet de Marius Petipa La belle au bois dormant. Le spectacle revisite donc le ballet mais aussi le conte de Perrault dont il met en scène mille et un détails. Ainsi donc, « La Belle » serait née en 1885 ; elle se serait piquée au rouet de Carabosse métamorphosée en vieille femme en l’an 1901 pour se réveiller 100 ans plus tard en 2001. Un siècle et dix ans après la création à Saint-Petersbourg sur la musique de Tchaïkovski, la chorégraphe marie notamment la fantaisie baroque à la majesté du ballet classique, les spectres de la Loïe Fuller aux agitateurs du hip hop. Oleg Petrov, en assistant aux répétitions de cette « Belle », y vit quant à lui un « hymne à la beauté ».

A L’occasion de Belle, au bois dormant de larmes écarla    te (s), l’installation Monde dans le Grand Foyer, à base d’images et de présences charnelles, sera l’occasion pour le public de se retrouver après le spectacle et de vivre quelques instants uniques dans les univers de Karine Saporta.

Au fil des années avec la Russie…

Karine Saporta entretient une relation très étroite avec la Russie, et Belle, au bois dormant De larmes écarlate(s) vient couronner plusieurs années de coopération initiée par l’AFAA entre le centre chorégraphique national de Caen/Basse-Normandie et divers partenaires russes.

Invitée, dès le début des années 90 à y présenter régulièrement des pièces de son répertoire, Karine Saporta participe en 1995 au travail de formation mené à Moscou avec plusieurs autres chorégraphes français auprès de l’Ecole de Nicolas Ogriskov et crée à Moscou et au festival Montpellier danse, Bolchoï Destroy.
Grâce à la présence de professionnels et de journalistes russes au Festival de Montpellier en 1997, elle rencontre Oleg Petrov, directeur du ballet municipal d’Ekaterinburg, historien et critique de danse.

Celui-ci demande alors à la chorégraphe de remonter une pièce majeure de son répertoire (A ma mère) La Fiancée aux yeux de bois, découverte lors de la présentation du film sur le spectacle au festival de film de Moscou, pour l’intégrer au répertoire de sa compagnie. Karine Saporta dit : au cours de nombreux voyages en Russie, on m’a demandé de monter la pièce la Fiancée aux yeux de bois mais je n’osais pas, persuadée que cette Russie imaginaire, souvenir lointain de mon enfance, qui constitue le corps de la pièce, ne pouvait trouver de résonance dans le pays… La recréation a eu lieu en 1998 au festival Montpellier danse et est depuis jouée chaque mois au Théâtre d’Ekaterinburg.

Cette rencontre a été marquante, tant pour la compagnie russe que pour le centre chorégraphique national de Caen/Basse-Normandie.

Aussi, à l’occasion du dixième anniversaire du ballet municipal d’Ekaterinburg et du passage à l’an 2000, Oleg Petrov demande à Karine Saporta d’entamer cette fois un véritable processus de création pour sa compagnie et lui propose de monter une version contemporaine du ballet la Belle au bois dormant.

Belle, au bois dormant De larmes écarlate(s) est créée en France au Théâtre de Caen les 11, 12, 13 mai 2000 à l’issue de trois mois et demi de résidence en Russie et en France et est interprétée par les danseurs réunis du ballet municipal d’Ekaterinburg et du centre chorégraphique national de Caen/Basse-Normandie.

Ce projet a été rendu possible grâce à la convention signée entre l’AFAA et le Conseil Régional de Basse-Normandie. Sa création à Ekaterinburg et la tournée en Russie pendant 2 mois à l’automne 2000, s’inscrit dans le cadre des Classiques revisités (programme mené depuis 3 ans par l’AFAA en Russie et précédemment illustré par Cendrillon de Maguy Marin-Ballet de l’Opéra National de Lyon et Roméo et Juliette de Prejlocaj).

Cette coopération est exemplaire des divers aspects de la mission de l’AFAA qui cherche à développer sur la durée les échanges avec l’étranger.

Belle, au bois dormant

L’adolescence est une période de changements importants et rapides, caractérisée par des phases de passivité et de léthargie absolues alternant avec une activité frénétique, et même un comportement dangereux, pour « se prouver qu’on existe », ou pour décharger la tension intérieure…

… Pendant les mois qui précèdent les premières règles, et souvent pendant la période qui les suit immédiatement, les fillettes sont passives, comme endormies, et se replient sur elles-mêmes…

… On comprend donc que le conte de fées où une longue période de sommeil commence en même temps que le début de la puberté ait pu être si populaire chez les filles comme chez les garçons…

Bruno Bettelheim
Psychanalyse des contes de fées

De larmes écarlate(s)…

Qui a vu sourdre le sang à la surface de la peau de la princesse ?
Qui a vu la perle rouge à l’extrémité de son doigt ?
Qui a vu les larmes écarlates couvrir son corps de jeune fille pubère.
Je voudrais que cette création permette la résurgence de certains de nos rêves ensevelis par le trop bref sommeil de l’adolescence.
Où et comment peut-elle se réveiller, cette princesse plongée depuis un siècle dans le sommeil de l’oubli ?

Karine Saporta

C’est l’hymne à la beauté

En tant qu’historien de ballet, j’ai raconté à Karine Saporta tout ce que je connaissais de la Belle au bois dormant de 1890… et j’ai tâché de lui faire partager ma vision de l’œuvre, les émotions que je devinais dans la musique de Tchaïkovski, non seulement mystérieuse mais tragique.

Elle m’a beaucoup écouté, avec une grande attention.

Dès les premiers moments, les répétitions que j’ai pu apercevoir m’ont étonné. J’ai compris très vite que sa vision dépassait déjà tout ce que j’avais pu imaginer et que l’artiste qu’elle est, a su prendre l’étonnante liberté de son art… celle qui lui permet de s’écarter de tous les chemins pour affirmer le sien.

Mais si j’ai pu être surpris par ce chemin fait à partir de la Belle au bois dormant, j’ai cependant perçu qu’un point essentiel nous relie toujours… C’est l’idée que malgré toute la cruauté du monde où nous vivons il faut faire tout pour que la beauté soit sauvée. La Belle, au bois dormant de Karine c’est l’hymne à la beauté. Il me semble que cette idée qui court dans l’œuvre de la Belle au bois dormant sous tend l’ensemble de l’œuvre de Karine Saporta comme j’ai pu le percevoir dans ses autres créations. C’est sans doute cela qui m’a guidé vers elle.

… Impressions de répétitions

Bien sûr les costumes et les décors reflètent le charme de l’univers du conte… mais l’essentiel est du côté du mouvement créé par la Pensée de Karine. Il est pour moi la perfection même parce qu’il continue la grande tradition classique, sans pour autant fuir le monde actuel. Au carrefour du passé et du présent, une nouvelle réalité doit surgir… surgit : La Beauté.

Oleg Petrov