Recommandé à partir de 11 ans.
Cette question urgente, le metteur en scène David Bobee l'a posée comme une introduction aux douze jeunes étudiants de la 23e promotion du Centre national des arts du cirque (Cnac) dont il va signer le spectacle de fin d'études. Cette mise en condition, qui donne la couleur intime et tendue de la collaboration, sert de détonateur à une vision élargie de la famille dont les membres - islandais, cambodgien ou sourd-muet... - parlent tous une langue différente.
Réunie sur un plateau circulaire en « open space » comme le veut la mode, ouvert à 360 degrés et tournant sur lui-même, cette tribu vaque à ses occupations tout en irradiant le quotidien d'acrobaties souveraines. Coudre l’écriture circassienne au geste d’auteur dans cet espace circulaire, pour montrer des fragments de vie et beaucoup de beauté brute, en vrac. Le portrait d’une jeunesse d’aujourd’hui belle et bordélique. Engagée et paumée.
Danse, théâtre, cirque se télescopent à tout va. Alors, que feriez-vous s'il ne vous restait plus que cinq minutes à vivre ? Top chrono !
Le Centre National des Arts du Cirque est sans doute l’une des plus grandes écoles de cirque du monde. Il a largement contribué à l’invention du cirque contemporain que l’on peut voir un peu partout aujourd’hui. C’est dans l’optique d’affirmer ce cirque de création que cette école m’a demandé de mettre en scène le spectacle de sortie d’étude des élèves de la 23e promotion. (...)
Alors voilà, le sujet ce sera eux. Simplement eux. Qui sont ils ? De jeunes gens, venus du monde entier pour réaliser leurs rêves, donc des personnes mobiles, en mouvement qui par leur liberté, leur couleur, leur culture, leur langue, leur jeunesse, leurs envies, leurs opinions, modes de vie, illusions, désillusions, nous parlent du monde d’aujourd’hui, de la vie d’aujourd’hui. Un monde en mouvement, fragmentaire, foisonnant.
Ce serait beau que ça parle un peu de cette liberté là, de cette époque modelée par des décennies de globalisation, d’altermondialisation, de communication omniprésente et de relations humaines via Facebook, Skype, ... De cette façon de penser, de parler, d’agir au XXIe siècle.
David Bobee
« Nous avons travaillé à partir d’improvisations dans l’espace, avec toute l’équipe de création, dès le début. Le décor pose un contexte, propose des situations à mettre en jeu. Ils y répondent avec leur propre pratique circassienne, mais aussi avec leur personnalité, leurs questionnements, leurs propos, en écoute les uns des autres. Un tel processus d’écriture, qui s’invente à même le plateau, les amène à interroger leur discipline, leur excellence, pour l’intégrer dans la dramaturgie, à composer en résonance avec les autres créateurs. Il fait appel au point de vue de chacun sur ce qui est en train de se construire, donc à leur responsabilité, en tant qu’auteur de leurs propositions, en tant que citoyen.
Cette conception du protocole de création traduit pour moi un positionnement politique car la question du " comment créer ensemble " renvoie à celle du " comment vivre ensemble " . L’oeuvre se tisse ainsi, au jour le jour, dans le partage de nos réflexions, de nos révoltes, de nos émotions… de nos émerveillements. »
Entretien réalisé le 12 octobre 2011 par Gwénola David (directrice ajointe du Cnac en charge de la pédagogie et du développement artistique).
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris