Une jeune artiste juive allemande. Elle connaît une enfance marquée par une tragédie familiale puis une histoire d’amour d’une intensité inouïe. Elle est ensuite exclue de la société allemande avec la montée du nazisme et se réfugie chez ses grands-parents dans le sud de la France.
Alors que la seconde guerre mondiale vient d’éclater et que sa grand-mère s’est suicidée elle décide d’entreprendre un travail vraiment « fou » et « singulier ». Pour raconter sa vie, elle va composer plus de 800 gouaches qui mêlent images, textes, mélodies, citations littéraires et musicales.
Quel chemin va-t-elle emprunter pour créer son œuvre ?
Bien qu’infiltré par le morbide et le mélancolique, elle va transformer sa vie en source de création lumineuse et artistique. Pour raconter son histoire, le rythme de la prose de David Foenkinos, sauvage et organique, entre en résonance avec celui de la vie de Charlotte.
À la lecture du roman de David Foenkinos, il m’est apparu très rapidement que cette œuvre écrite sous la forme d’un poème en prose, au rythme sauvage et organique, était propice à une adaptation théâtrale. Dans son roman, l’auteur raconte la vie de Charlotte Salomon. Je l’ai adapté en donnant une voix à cette jeune artiste. Chaque personnage de sa vie sera porté et interprété par une seule femme : Charlotte Salomon.
Le chemin parcouru par Charlotte va lui permettre de connaître un éveil, une naissance à la vie. C’est une révélation. Seule au monde et vivant dans des conditions matérielles difficiles mais déterminée, elle met au monde une œuvre picturale singulière, novatrice et magistrale.
La prose de David Foenkinos dans Charlotte et celle dans Clouée au sol entrent en résonance avec la vie de leur personnage. Les deux pièces seront jouées en alternance sous la forme d’un diptyque. Les deux textes et les deux vies qu’ils révèlent ainsi se répondent.
Charlotte Salomon est une artiste plasticienne et peintre. Elle grandit dans une famille aisée de la communauté juive berlinoise, son père étant médecin et professeur à l'université Humboldt de Berlin.
En 1926, quand elle a neuf ans, on lui annonce la mort de sa mère suite à une mauvaise grippe. En fait c'est un suicide. En septembre 1930, en secondes noces, son père épouse l'artiste lyrique Paula Lindberg, dite « Paulinka ».
En septembre 1933, en raison de l'antisémitisme ambiant, Charlotte Salomon quitte le lycée un an avant l'Abitur (le baccalauréat allemand) et intègre l'académie des beaux-arts de Berlin où elle commence à étudier l'art.
En janvier 1939, peu après la Nuit de Cristal, elle quitte Berlin pour rejoindre ses grands-parents maternels partis d'Allemagne dès 1934 pour Rome puis le sud de la France à Villefranche-sur-Mer. C'est dans la propriété d'Ottilie Moore, une Américaine, qu'ils résident avec d'autres réfugiés.
Au mois de mars suivant, son père et sa belle-mère parviennent à quitter l'Allemagne pour Amsterdam aux Pays-Bas. Sa grand-mère se suicide en mars 1940. En octobre 1941, leur hôtesse américaine, dont le pays n'est pas encore entré en guerre, quitte la France pour les États-Unis. Un peu plus tard, la même année, Charlotte intègre la pension La Belle Aurore à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Fin 1942, Charlotte part rejoindre son grand-père à Nice mais celui-ci y meurt en février 1943. Le 17 juin 1943, à Nice, Charlotte Salomon épouse Alexander Nagler, un autre réfugié israélite de nationalité autrichienne.
Face à une fatalité familiale et à un monde en décomposition, elle décide de peindre, d'écrire et de mettre en scène sa vie sous la forme d'une pièce de théâtre en musique. Dans l'urgence, elle réalise 1325 gouaches, en choisit 769 qui formeront la version autorisée de Vie ? ou Théâtre ?.
Déportée, Charlotte, enceinte de quatre mois, meurt à d'Auschwitz-Birkenau.
7 rue Véron 75018 Paris