Cindy Van Acker - Pneuma 02:05

Cindy Van Acker définit l’essence de son travail comme « la relation entre maîtrise mentale et lâcher prise corporel ». Cette relation qui était au coeur de ses précédents solos, Corps 00:00, Fractie et Balk 00:49, est prolongée avec Pneuma 02:05 par un passage au pluriel. Créer du relief, de nouvelles lignes de perspective en organisant un véritable ballet des matières vivantes. Confronter le travail solitaire avec autrui, sans rien perdre de la rigueur expérimentale. Les chiffres qui scandent ses pièces sont à entendre comme autant de compte à rebours, d’opérations minutées.

A l’horizon de ces expériences, il y a la recherche du «Pneuma», le souffle qui donne vie à l’organisme. Il est question pour elle de l’émergence d’un geste autour duquel le corps puisse tenir - tout en restant à la limite du connu, du reconnaissable. Montrer un magma humain détaché de ses habitudes émotionnelles, sociales, psychologiques. Des aspérités émergent au gré des rassemblements et des dissociations, des polarisations, des dispersions.

Cette exploration, parfois inquiétante, comme arrivée d’un futur post-humain - débouche sur une contemplation poétique. Les contractions et les étirements de cette masse - comme des algues attirées par les rayonnements de la lumière, ou des billes de mercure - les vibrations d’un membre ou d’un muscle ne sont pas sans rappeler les beautés de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. Des regroupements de cellules ou d’atomes aux mouvements des planètes, chaque métamorphose contient une part du microcosme et du macrocosme. La pneuma-poétique de Cindy Van Acker nous fait entrer dans un autre rapport à l’évolution.

Par la Cie Greffe (Suisse). Composition sonore : Frédérique Franke, Philip May, Denis Rollet.

Gilles Amalvi