Programme
La fragilité au cirque
Les numéros
Cirque à la Cité, c’est chaque soir un programme, signé Kitsou Dubois (chorégraphe connue pour sa recherche sur l’apesanteur), qui réunit une série de numéros, sur terre et dans les airs. Avec en plus, la possibilité offerte de profiter gratuitement de la piscine ou des courts de tennis de la Cité Universitaire pendant l’été.
Direction artistique Kitsou Dubois.
du 16 au 19 juillet : Sieste verticale / Contremoi / Duo / A contrepoids
du 23 au 26 juillet : Sieste verticale / Contremoi / Ludor Citrik / Duo
du 30 juillet au 2 août : Black Pearl / Le Temps debout / Ludor Citrik / A contrepoids
du 6 au 9 août : Black Pearl / Le Temps debout / Ieto
Sports à la Cité : piscine ou tennis
Sur présentation de leur billet pour Autres pistes, les spectateurs bénéficient :
- d'une entrée à la piscine sportive de la Cité, du 16 au 26 juillet, les jeudis, vendredis et
samedis de 16h à 20h et le dimanche de 12h à 16h (piscine sportive : sans petit bain, interdite aux mineurs non accompagnés et aux personnes ne sachant pas nager, pas de caleçons de bains, bonnet obligatoire)
- ou d'un accès aux courts de tennis de la Cité, du 27 juillet au 9 août, tous les jours (10-19h),
réservation à la semaine sur place à partir du lundimatin au gymnase des Arts et
métiers/CIUP.
En partenariat avec Citésport.
Kitsou Dubois est une chorégraphe connue pour sa recherche sur l’apesanteur, travail qui lamena dans les centres spatiaux les plus spécialisés, la NASA, le CNES ou la Cité des Etoiles en Russie. Beaucoup de ses pièces dansées sont le souvenir de ces expériences de vagabondage entre la gravitation zéro et notre plus terrestre condition. C’est dans le cadre de ce travail sur l’apesanteur qu’elle a rencontré le cirque, pour ainsi dire par hasard. « Je cherchais des outils spéciaux qui me fourniraient des temps de suspension, des hauteurs importantes. J’avais besoin d’un langage supplémentaire pour transporter mon travail sur la scène. J’ai commencé par le trampoline qui offre des temps d’apesanteur minuscule et je me suis rendu compte que cela concernait l’ensemble du cirque, même le jonglage, qui décalait, créait des espaces différents, des apesanteurs, et nous ouvrait d’autres façons d’être sur terre parce que c’est bien cette expérience qui m’intéresse avant toute chose. »
C’est en raison de cette proximité avec le cirque que Kitsou Dubois s’est vu confier par Pascale Henrot la programmation d’Autres pistes au TCI. Très vite, l’idée fut de présenter plutôt qu’un seul spectacle, une série de numéros, d’abord parce la logique de formes courtes permet de parcourir en une seule soirée toute l’histoire du cirque : aérien, mât, jonglage, acrobatie, sans oublier le clown. Et puis parce que les numéros obligent à aller droit au but. Le choix était donc clair : se concentrer essentiellement sur des univers portés par la rencontre des corps et des agrès, par une certaine forme de spectaculaire et de virtuosité plutôt que par le goût de la théâtralité ou de la narration qui est le propre, certains diraient le péché mignon, de ce qu’on appelle parfois les « nouveaux cirques »
Un autre grand critère de sélection des numéros est ce que Kitsou Dubois appelle « la fragilité ». « Il y a une grande prise de risque dans le cirque, mais finalement les circassiens ont plutôt tendance à montrer qu’ils le maîtrisent. À chaque fois que je travaille avec des circassiens, je les renvoie à une intériorité qui me semble être l’endroit de la danse. Par exemple, je les fais beaucoup travailler sur les appuis, sur le temps. Ralentir ce qu’ils font pour essayer de comprendre ce qui se passe dans le corps. Déplacer leurs appuis, les décaler, pour que le travail du corps apparaisse, pour que le regard du spectateur ne soit pas seulement happé et fasciné par la virtuosité. Et pour ces artistes, avec leur puissance musculaire importante, c’est un vrai travail de parvenir à trouver cette fluidité. »
Kitsou Dubois a plusieurs méthodes pour pratiquer ce travail de fluidification, hérité en partie des recherches qu’elle a pu faire avec les astronautes : l’une d’elles est d’emmener les artistes circassiens à la piscine et de faire avec eux des exercices en apnée, laisser le corps flotter sous l’eau, et faire en sorte que ce soit l’eau qui fasse bouger le corps, trouver la fluidité des appuis dans l’eau, travailler sur des qualités de transfert de poids. Avec l’idée que le mouvement ne s’arrête pas quand on va respirer, que la respiration fait partie du mouvement, qu’il faut laisser l’eau remonter le corps et le faire glisser sur l’air, ce qui peut déclencher une vraie peur quant à la possibilité de respirer et qui renoue avec cette qualité essentielle du cirque : le risque.
Les spectateurs qui voudront s’y essayer par eux-mêmes pourront toujours le faire puisque l’achat d’un billet pour Autres Pistes donnera le droit à une entrée à la piscine ou aux courts de tennis de la Cité internationale.
Stéphane Bouquet
Marie-Anne Michel - Sieste Verticale (Mât chinois)
Formée au Centre National des Arts du cirque (CNAC), Marie-Anne Michel
propose avec Sieste Verticale un solo surmât chinois où elle se transforme en une
sorte de liane silencieuse enroulée sur son arbre, développant une continuité de
mouvements extrêmement fluides. Même si son travail réclame une force énorme, tranquillité et plénitude semblent les maîtres mots de cette sieste
verticale, parce que Marie-Anne Michel sait cacher ses appuis, les dispatcher dans
tout le corps, et finalement bouger avec l’air de ne pas bouger.
15 min
Tsirihaka Harrivel - Contremoi (Mât chinois)
Mis en scène par Vimala Pons
Formé comme acrobate au Centre National du cirque, Tsirihaka Harrivel construit
avec Vimal Pons, le numéro sans doute le plus théâtral de cette programmation
Autres pistes. Relié à un poids par un système de poulie, un homme (un homme
de bureau, un individu quelconque) se voit empêcher dans sesmoindres gestes.
Chaque fois, à chaque geste simple comme déplacer une chaise ou une table, le
poids l’entraîne vers le haut et c’est à cela qu’il doit résister en inventant de
nouveaux gestes, un nouvel équilibre et éventuellement une nouvelle liberté.
25 min
Antoine et Aurore - Duo (Portées acrobatiques)
Primé lors du dernier festival du cirque de demain à Paris, Antoine Thirion et
Aurore Liotard proposent un numéro de portée entre un très grand et une plus
petite. Sur une musique de Monteverdi, le Lamento de la Ninfa, leur numéro
voyage entre acrobatie et danse contact. Selon leurs propres termes : « L’intensité
du mouvement alimentée d’impulsions vives, de chutes en contraste avec des
mouvements tendres et fraternels, crée une palette de sensation tour à tour
violente et douce. »
8 min
Virginie Frémaux, Mika Lafforgue - À contrepoids (Trapèze) Mise en piste Kitsou Dubois
Moins un trapèze en vérité, qu’un très long balancier, qui n’est jamais stable et
qui joue sur le poids et le contrepoids des deux circassiens qui s’y tiennent et
retiennent, un peu comme un liquide dans un récipient instable qui passerait
sans arrêt du corps de l’un au corps de l’autre. Le glissé est lemoteur essentiel de
ce numéro où les corps ne cessent de s’emmêler et de se démêler en des noeuds
temporaires, là-haut, sur leur balancier fragile. Virginie Frémeaux, et Mika
Lafforgue (qui reprend le rôle crée par Sergueï Philippenko) se sont formés à
l’Académie Fratellini.
15min
Ludor Citrik – Clown
Hirsute, susceptible, nerveux, pas vraiment gentil, vaguement moche avec son
gros nez pâteux, bougon, etc., tels sont les qualificatifs qui s’attachent à Ludor
Citrik, alias Cédric Paga, qui a choisi de revitaliser la tradition du clown vagabond,
non sans affinités avec le clochard. Parfois il faitmême peur aux enfants. Ce qu’il
attend desmembres du public, c’est de savoir ce qu’ils sont venus chercher là et
de comprendre exactement de quoi ils rient. C’est aussi de le désennuyer, lui,
clown errant, qui s’ennuie souvent.
Pour Autres pistes, Cédric Page / Ludor Citrik improvisera un parcours particulier
entre les numéros.
Jouni Ihalainen - Black Pearl (Diabolo)
Finlandais, ancien de l’Académie Fratellini, Jouni offre un numéro de jonglage où
son instrument, le diabolo, s’envole littéralement dans tous les sens au rythme
de la musique de Bach. Bien sûr, le jongleur est faussement immobile, il y a de sa
part hyper-activitémais tout enmicro-mouvements qui traversent la peau et qu’on
devine, dont on a l’intuition sensorielle, plus qu’on ne les voit vraiment. Cette
immobilité mouvante apporte une très forte présence corporelle enmême temps
qu’une très grande pureté du geste à la virtuosité du jongleur.
15 min
Grégory Feurté - Le Temps debout (Mât chinois) Mise en piste Kitsou Dubois
Ancien cascadeur, élève de l’Académie Fratellini, Grégory Feurté se pose une
question simple et difficile : comment parler du temps avec son agrès, le mât
chinois. Pour contrer les montées, descentes et remontées le long du mât, qui
prennent toujours le risque de se révéler mécaniques, l’idée fut de s’éloigner de
l’agrès et de se relier à lui par un élastique dont la tension attire peu à peu l’artiste
au haut du mât. L’espace devient alors la figure du temps dans ce numéro très
graphique : et ralentir, rebondir, basculer, s’envoler, etc. sont autant de façon
d’occuper et de franchir l’espace pour dilater le temps.
15 min
Jonathan Guichard, Fnico Feldmann - Ieto (Acrobatie)
L’un (Jonathan Guichard) est fildeferiste, formé au CNAC, l’autre (Fnico
Feldmann) acrobate, formé au Lido. Ensemble, et à l’aide de bancs de bois, pas
très hautsmais très longs, ils inventent un dialogue mi-bagarreur mi-ludique, où
se construisent et se déconstruisent des formes incertaines, éphémères, des
formes pour grimper, rester en équilibre, s’affronter, et bien sûr tomber plus
souvent qu’à leur tour. Il y a évidemment beaucoup de dérisoire humanité dans
leur duo qui est une sorte de chamaillerie pour rien, pour rire et pour vivre.
25 min
17, boulevard Jourdan 75014 Paris