Dans Pièce sans paroles, les chorégraphes DD Dorvillier et Anne Juren accompagnées de la metteuse en scène Annie Dorsen, partaient d’une pièce de Tennessee Williams pour explorer ce qui restait d’un texte une fois celui-ci « retiré ». Cette fois, c’est avec une partition musicale que DD Dorvillier opère.
À partir d’un quatuor à cordes créé à Vienne par un compositeur sourd il y a deux siècles, la chorégraphe américaine s’efforce en effet de transposer la matière musicale en matière visible et silencieuse.
Danza Permanente suit la partition musicale dans sa durée et sa chronologie mais aussi dans les relations entre instruments, leurs comportements et leurs dynamiques, chacun des quatre interprètes incarnant l’un d’entre eux. L’environnement acoustique et la lumière suivent la partition et encadrent cette « musique visible ».
DD Dorvillier poursuit ainsi avec Danza Permanente une oeuvre ambitieuse qui place au coeur de sa problématique le langage et sa traduction : comment un corps peut prendre en charge, exprimer une parole, un son, comment interpréter en gestes une partition musicale, comment regarder ce qui d’habitude s’écoute ? Car il ne s’agit pas ici d’exprimer la musique, mais de tenter de reproduire sa structure. De proposer une danse qui soit une « transposition » et non une « expression », sans viser à remplacer la musique, et à lui substituer une chorégraphie, mais en cherchant à ouvrir, pour les danseurs et les spectateurs, de nouvelles zones sensibles.
Fascinée par les phénomènes de langage, ses failles et ses ruptures, DD Dorvillier entend ainsi défier les incompatibilités apparentes entre différents langages artistiques et ouvrir le champ de la perception, tout en interrogeant la pertinence de la danse.
1-5, place de la Libération 93150 Le Blanc-Mesnil