Danièle Desnoyers propose une danse dénuée d’artifices qui interroge notre rapport au ciel et à ceux qu’il abrite. Une invitation à l’expansion et à la liberté
La trame chorégraphique déployée par Danièle Desnoyers, l’une des figures majeures de la danse contemporaine québécoise, est un tissage subtil fait de rythmes intrépides et d’accents sonores. Danièle Desnoyers y partage ses questionnements sur les liens entre l’humain et le ciel qui l’abrite. Et, par là, elle noue un dialogue ininterrompu entre l’intérieur et l’extérieur, la recherche de la beauté absolue et notre quête du sens de la vie.
Avec virtuosité, sensibilité et sensualité, six danseurs interprètent cette oeuvre d’une profonde humanité, célébration poétique du mouvement et du cycle de la vie.
Des danseurs dont on suit les variations climatologiques intimes, individuelles ou collectives. Ces états sont tour à tour présents comme différentes saisons de l’émotivité humaine, variable certes mais toujours sensible.
Un ciel nuageux et lumineux en fond de scène. Devant, un corps dans la pénombre s'affronte à la masse orange d'un nuage, comme s'il cherchait une issue, un appui dans ce ciel vertical, au son d'une musique qui semble égrener le temps. Le corps est maintenant visible, le ciel a disparu, reste une lumière blanche. La danseuse arpente le plateau, prenant plaisir à en prendre possession : Dévorer le ciel, c'est ici, d'abord, dévorer l'espace.
Après une période où elle a construit ses pièces avec des artistes venus d'autres disciplines, Danièle Desnoyers remet la danse au cœur de sa création et revient au mouvement, à la densité émotionnelle qui en émane.
Les six interprètes, tour à tour saisis d'une énergie brute ou plus fluide, conjuguent virtuosité et expressivité. Ce qui se dégage surtout c'est la vitalité des figures qui se font et se défont, une façon de se relayer sur la scène, de jouer sur la multiplicité des points de rencontres possibles. « Je pars de la géographie intime des danseurs pour établir la carte d'un ciel en mouvement. En reliant des points relevés dans chacun de leurs parcours, on obtient une constellation physique et émotive qui évoque la quête d'absolu, de sens et de beauté. », dit la chorégraphe.
La pièce se déploie, ample, vive, sensuelle, impétueuse. Le corps triomphe sur le plateau. Les lumières de Marc Parent, changeantes comme est changeant le ciel, décuplent la force poétique de la danse. Et si les corps s'affrontent parfois, ce qui émerge est bel et bien une célébration du mouvement, de la liberté, virevoltante comme ce cerceau qui n'en finit plus de tourner autour du corps d'une danseuse, et qui dit à la fois l'éternel retour et le cycle de la vie.
Emmanuelle Mougne
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