« Quand on regarde les pommes de Cézanne, on voit qu'il a peint merveilleusement le poids de l'espace sur cette forme circulaire. La forme elle-même est un volume creux, sur lequel la pression extérieure est telle qu'elle produit l'apparence d'une pomme, même si celle-ci n'existe pas vraiment. C'est la poussée rythmique de l'espace sur cette forme qui compte.»
Pablo Picasso
Ce moment de danse est extrait d'une période de recherche Partagée avec cinq interprètes d'horizons différents. La recherche porte essentiellement sur le mouvement : sa matière et sa poétique. Elle repose sur les champs chorégraphiques abordés lors de deux pièces précédentes : un solo, puis un trio écrit pour une sculptrice, un comédien, une danseuse et se développe dans leurs prolongement.
Rendre visible des sensations relatives à des surfaces et des espaces a été le prétexte initial à ces nouvelles pérégrinations. La quête et l'expression répétée de sensations singulières, présentes, retrouvées ou imaginées, ont suscité la création des situations et des climats.
Des temps d'immersions des danseurs dans le langage chorégraphique prédéterminé ont alterné avec des moments d'improvisation, en résonance, réaction ou dialogue avec ces propositions. La danse a émergé de ces échanges, faite de superpositions d'empreintes, d'influences mutuelles et d'effacements.
Pour la beauté du geste — version IV parle avant tout du plaisir de danser. Les deux danseurs, formés à des pratiques diverses (style contemporain, hip hop, classique, danse indienne, capoeira) puisent dans ces dernières pour installer une rencontre dansée à la fois puissante et sensible. Rencontre de deux personnalités, de deux univers, et, surtout, de deux énergies dynamiques.
Le duo s’est écrit en trio. Le troisième auteur n’est pas sur scène pendant la performance mais il n’est pas non plus un chorégraphe «énipotentiaire» à proprement parler. Son rôle est, par le jeu du «extérieur», de transformer la matière proposée par les danseurs, de l’affiner, de la modeler parfois. Il ne s’agit d’ailleurs pas uniquement d’un regard, mais, comme on l’évoquait plus haut, d’une présence qui reçoit le travail des interprètes au plan sensitif et énergétique et les guide de différentes façons pour avancer dans la construction de la partition et son interprétation.
Etre co-auteur, qu’on soit interprète ou non, a nécessité de s’interroger sur les affinités autant que les différences et de s’impliquer en permanence dans la recherche d’un consensus à trois construit sur des échanges verbaux et gestuels.
Parmi les façons de réfléchir et de sélectionner les gestes ou les propositions émanant des danseurs, la photo a pris, au cours du processus de création, une place de plus en plus importante. Le regard extérieur est ainsi double: à la fois humain qui verbalise ce qu’il a vu ou ressenti, et technique, qui donne à voir ce que l’oeil humain ne peut saisir dans l’immédiateté de l’instant.
L’outil photographique est aussi un moyen de travailler sur les états de présence en proposant une alternative à la posture d’intériorité. L’effet-miroir qu’autorise la photo permet au danseur de réfléchir sur les différences ou les similitudes entre ce qu’il a pu ressentir intérieurement par contraste avec ce qu'il a pu montrer à l’extérieur, sans subir le filtre ou la projection du spectateur qui sélectionne à partir de ses préférences ou de ses biais personnels.
Ce travail, exigeant et parfois dérangeant, a permis de centrer les échanges entre les trois co-auteurs sur une production créative qui évite au maximum le jugement.
John et Jane Installations, performances sauvages conçues par la chorégraphe Martha Moore et le plasticien Félix Perrotin, est un dispositif ouvert en évolution depuis 2005. Après les premières séries dans des appartements parisiens, John et Jane Installations ont fait des apparitions au Golden Gate Park et Pt Reyes en Californie, The Dragon’s Egg dans le Connecticut, et à The Construction Company à New York.
That was easy, une version écrite de John et Jane Installations, a débuté en Normandie à l’occasion de la carte blanche donné à Christine Corday en juin 2008, et la dernière version en date a été donnée à Schwelle 7 à Berlin en novembre 2009. Pour Les Spectacles Sauvages, John et Jane Installations proposent un nouvel épisode.
Tandis qu'obscénité, indécence ou inconvenance sont l'essence même de la pornographie, la sexualité dans l'érotisme prend une dimension esthétique et imagée. La retenue et le mystère seraient finalement ce qui distingue le véritable artiste érotique du pornographe. L'écriture ambigüe de la chorégraphie ne se veut pas absolument indécente mais est expressément destinée à traiter de la sexualité.
Mettre en scène ou suggérer l'acte sexuel, c'est situer la frontière arbitraire entre image légitimement sensuelle et image à la pornographie flagrante. Inspirée par les nus érotiques des photographies surréalistes, la danse se déroule contre et avec le partenaire d'un mur. Support de l'oeuvre exposée, représentation lascive ou mise en contemplation de la poupée en vitrine.
De la pose photographique et d'élans libidinaux, l'acte dansé se soumet à un désordre répétitif; le va et vient, l'irrésistible du désir, l'assoiffée du coït.
210, rue de Belleville 75020 Paris