Pièce chorégraphique pour cinq danseurs, un musicien et une vidéo.
Inspiré du roman La Piscine de Yôko Ogawa et de l’œuvre du peintre Francis Bacon, cette pièce chorégraphique utilise le concept du roman et l’esthétique du peintre pour traduire l’attente et la métamorphose. Cabines de verres éclairées en immersion, chaise, miroirs, tirés des œuvres d'inspiration se mélangent dans une scénographie mobile.
La chorégraphie sert une gestuelle qui met en valeur les tensions du corps, les sensations des interprètes dans un lieu improbable, lieu reflet (miroirs), lieu mémoire (vidéos), lieu acteur (mobilité scénographique). Tour à tour salon, hall de gare, piscine, boîtier cristallin qui, imperceptiblement, se transforment et s’effacent pour signifier le chemin parcouru dans la transformation de nos vies intérieures.
"Cette pièce interroge le spectateur sur notre contradiction de rechercher simultanément une relation d’intimité avec l’autre et faire partie d’un groupe social, tout en essayant de défendre coûte que coûte notre propre identité. Ces situations étranges et inquiétantes qui génèrent un sentiment de solitude durent un instant, une heure, un jour ou plus... L’art de Denrées Périssables est de décrire, de s’arrêter sur des détails, de mettre en mouvement des émotions profondément enfouies en chacun de nous." Françoise Christmann, Dépêche Montreuil
Chorégraphe : Cathy Testa
Scénographie : Marc Thiriet
Rencontre avec Marc Thiriet.
Qu’est-ce qu’une denrée périssable ?
Une denrée périssable c’est nous, notre vie, nos trajets.
Dans la plupart des cas, la perception de ce que l'on est s'attache à un passé connu et à ce que l'on voudrait devenir. Dans un futur incertain, cela délimite de manière très restreinte notre présent. Dans cette construction intérieure attachée à notre passé et tournée vers l'avenir, il n'y a donc que peu de place pour ce que nous devons laisser mourir en nous pour faire une place au présent et devenir ce que nous avons envie d'être dans l'avenir.
Pourquoi Francis Bacon et Yôko Ogawa comme références ?
Parce qu’ils évoquent la métamorphose, l’angoisse, l’isolement qui la précède. Ils traduisent aussi une société très actuelle où le « Moi, Je… » domine et rend l'échange, la communication difficile voir impossible. Le « Moi, Je… » annule totalement le « Nous » vers lequel chacun voudrait aller. Cette confrontation permanente entre le « Nous » et le « Moi » est dans notre société en déséquilibre en faveur du «Moi». Qui est le dominant ? Qui est le dominé ? Ce rapport en déséquilibre qui habite, selon moi, chacun d'entre nous, participe de notre complexité. Il génère nos antagonismes et nos angoisses, elles-mêmes moteur de nos métamorphoses.
La société est à l’image de nous-mêmes, en ce sens qu'elle est pour partie l'addition de nos déséquilibres individuels. Entre le "Nous" et le "Moi", il est un déséquilibre naturel qui oscille en permanence entre les deux parties. De cette manière, la société perçue comme un corps étranger à nous-mêmes contribue à notre métamorphose en tant que reflet de nos individualités.
Propos recueillis par Caroline Canault.
16, rue Charles Pathé 94300 Vincennes