Ces derniers temps, la chorégraphe Doris Uhlich s'est sentie confrontée à la peur : attentats de Paris, nuit de la Saint Sylvestre à Cologne, attentats de Bruxelles. De nouvelles vibrations étaient dans l'air, celles de l'anxiété qui prend le contrôle des corps, les inhibent et les poussent au retrait.
Boom Bodies entend conjurer ces sensations et y parvient avec brio en soumettant les huit corps des interprètes - et ceux des spectateurs - aux vibrations de la musique électro, à son rythme et à son énergie.
Leur danse évoque tour à tour un dancefloor, une transe collective, un crawl dans lequel il faudrait lutter contre les éléments, des courses et des battles où les corps se mesurent, des prières lancées à la face du ciel, des engrenages tenus de tourner à grande vitesse pour rester dans la course. À la fois solitaires - les corps se touchent extrêmement rarement - et pris dans un mouvement collectif, souvent synchrones, parfois proche de la convulsion ou saisis de « hauts le corps » comme on aurait un haut le coeur, les interprètes se meuvent sous la pression des beats technos, laissent la musique pénétrer leurs corps, se fondent dans l'énergie transmise par le DJ Boris Kopeinig et la chorégraphie apparaît comme une machine dont le coeur, éclaté, palpite et bat sans jamais s'arrêter.
Boom Bodies est une pièce d'une grande intensité dans laquelle la musique devient visible et le mouvement palpable. Une injonction à ne pas baisser les bras, à ne pas renoncer à repousser les frontières et les barrières : Take me to the other side résonne une voix dans la partie finale. Boom Bodies est une pièce de résistance : celle de corps qui ne veulent pas plier.
Place Jean Jaurès 93100 Montreuil