Peut-être tous les compositeurs sont-ils un peu des vampires… Que fait cette ligne mélodique d’un cantique de Bach dans une sonate de Beethoven ? Et que dire de ces variations d’untel sur le thème d’un autre, et de ces légions de fantaisies, hommages, tombeaux, paraphrases et réminiscences ?
Radical dans sa soif de sons et musiques, Pierre Henry aura été un pionnier des musiques électroniques mais aussi de la délicieuse morsure des œuvres, ouvrant la voie à popularisation du sampling, du remix, de l’extended mix. On lui doit entre autres une Xe Symphonie de presque Beethoven, ou encore un Concerto sans orchestre « traversée des Cercles de l'Enfer du Dante en compagnie de Franz Liszt ». Dans Dracula ou la musique troue le ciel, c’est – carrément – à la Tétralogie de Wagner qu’il assure une métamorphose, transformant la montagne wagnérienne en un « film sans images », plein de soupirs et d’incendies, de fureurs et de voluptés.
Et puisque Dracula ne saurait se passer de sang neuf, c’est la frétillante bande du Balcon qui est aux commandes de cette nouvelle version, où la musique de Wagner sera orchestrée et spatialisée par le compositeur Arthur Lavandier et Augustin Muller, réalisateur informatique musicale.
« Avec ce projet, un nouvel aspect de la spatialisation va être exploré à travers l’œuvre de Pierre Henry, écrivent les musiciens de l’ensemble. Après sa version sonorisée et spatialisée des Vêpres de Monteverdi ou le travail entrepris sur Donnerstag de Karl Stockhausen, c’est maintenant sur Dracula que Le Balcon va se pencher, affermissant le lien très fort avec la sonorisation et la spatialisation qu’il a placées dès sa naissance au cœur de son geste artistique. »
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