Dylan Howe +ONJ Europa : Berlin (Banlieues bleues)

Stains (93)
le 2 avril 2015
2 heures avec entracte

Dylan Howe +ONJ Europa : Berlin (Banlieues bleues)

Batteur tout-terrain, le fils de Steve Howe (le guitariste de Yes) réimagine
les plages atmosphériques de David Bowie. La capitale allemande, seconde étape du road-trip sonique imaginé par le guitariste Olivier Benoit et sa dream team.
  • Dylan Howe Subterranean -New Designs on Bowie’s Berlin

Dylan Howe n’a que six petites années au compteur quand il se retrouve pour la première fois sur le livret d’un disque, celui de son père guitariste de Yes : en 1975, Steve Howe pose avec femme et fiston sur le livret intérieur de « Beginnings ». Et puis, comme pour en rajouter, sept ans plus tard, papa Howe emmène son pré-ado à un concert du big band de Buddy Rich à Londres. Le gosse se prend une claque : c’est décidé, il sera batteur de jazz.

Dylan Howe ne perdra jamais de vue son rêve : vingt ans plus tard, en 2003, l’Anglais publie ainsi son premier disque à la tête d’un quintet (« The Way I Hear It » et sa pochette très Blue Note) avec le saxophoniste Gilad Atzmon. Pour autant, le jeune homme gardera l’ouverture d’esprit à 360° de son paternel.

Tantôt batteur de luxe pour de glorieuses sessions (pour Paul McCartney ou Damon Albarn), tantôt maestro du tempo pour Ian Durry ou Wilko Johnson, Dylan Howe a la baguette qui le démange, quel que soit le style. Revisiter Bob Dylan ? Il l’a fait, avec son père en 1999. Réinventer le Sacre du Printemps de Stravinsky ? Fait, aussi, en 2010 avec son complice, le pianiste Will Butterworth.

Son nouveau défi ? Réarranger les plages instrumentales et atmosphériques de deux chefs-d’oeuvre de la période berlinoise de Bowie : « Low » et « Heroes ». « Je voulais trouver quelque chose pour mon quartet et pas une énième interprétation des standards de Blue Note. Du coup, je me suis plongé dans la musique que j’écoutais dans mon adolescence. Et ces deux albums de ont en commun d’être en partie instrumentaux. Ils ont quelque chose d’atmosphérique qui pouvait être traité et réarrangé dans l’esprit que je recherchais, au carrefour de l’électro et de l’improvisation jazz, à la fois vivant et mélancolique ».

Tout aussi fidèle (les sons de synthés à l’identique) qu’infidèle (les envolées dignes du John Coltrane Quartet), son Subterranean, New Designs on Bowie’s Berlin est l’un des plus beaux hommages jamais rendus au Thin White Duke. Tout simplement parce que Bowie est un grand jazz lover : fan de Mingus et de Dolphy dans son adolescence, il a travaillé avec Lester Bowie, Gil Evans ou même tout récemment Maria Schneider. Plus qu’un hommage, le travail de Dylan Howe s’apparente donc à un juste retour des choses.

  • ONJ Europa : Berlin

« Je suis inspiré par la vie musicale actuelle dans toute sa diversité. Il est vital qu’un orchestre comme l’ONJ reflète cette dynamique de l’art d’aujourd’hui, des compositeurs qui se battent pour que leur musique existe (quel que soit le style : du rock à la musique contemporaine ou improvisée). » « La musique est un art abstrait. Mais comme l’architecture, c’est un art de courbes, de lignes, de points, de couleurs, de formes, de dégradés... La poésie qui se dégage d’un bâtiment ou d’un ensemble architectural m’inspire. » Olivier Benoit

Si Olivier Benoit n’est pas un directeur d’Orchestre National de Jazz (ONJ) comme les autres, ce n’est pas parce qu’il est guitariste – entre 1989 et 1991, Claude Barthélemy avait déjà tenu les rênes de la formation XX L subventionnée par l’Etat. La raison est ailleurs : le Nordiste est tout simplement le premier ancien membre de l’ONJ à devenir calife à la place du calife. Et oui, en 2001, le jeune guitariste avait participé à la cuvée concoctée par Paolo Damiani. Douze ans plus tard, Olivier Benoît est donc passé de l’autre côté du pupitre. Entre-temps, il a eu le temps de sereinement fricoter avec des grands orchestres tumultueux : le collectif Circum ou La Pieuvre ont longtemps été ses joujoux de prédilection.

« Son » ONJ, il l’a imaginé comme un creuset d’horizons et de générations. Aux côtés du contrebassiste Bruno Chevillon ou du batteur Eric Echampard (des complices au long cours de Marc Ducret), on y découvre de pimpants talents de la scène hexagonale : le tromboniste du collectif Coax Fidel Fourneyron, le violoniste du Tricollectif Théo Ceccaldi ou les saxophonistes Hugues Mayot (de Radiation 10) et Alexandra Grimal (membre tentet de Joëlle Léandre).

Moins chef d’orchestre à l’ancienne que « conducteur » présent sur scène aux côtés des musiciens, Olivier Benoit s’est attelé à écrire tout le répertoire de « son » ONJ.

Après avoir été inspiré par Paris, le voilà qui tire le portrait d’une autre capitale européenne, Berlin. On y retrouve la marque de fabrique de l’ex-meneur du collectif Muzzix : de puissantes dynamiques et d’étonnantes envolées. Le Nordiste imagine la mégalopole allemande comme un palimpseste tourneboulant et hanté de fantômes (plus ou moins) bienveillants.

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Spectacle terminé depuis le jeudi 2 avril 2015

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