Emmanuelle Vo-Dinh est une chorégraphe des phénomènes. Depuis Tombouctou déjà-vu, la directrice du Centre chorégraphique national du Havre Normandie joue du déphasage visuel et musical pour nous entraîner de l’autre côté du miroir.
Que serait, aujourd’hui, le pays de Cocagne ? Cette terre de fêtes perpétuelles et d’opulence sans violence ? Ne serait-ce pas ce monde idéal projeté sur nos écrans, qui interpelle notre inconscient à force d’images ? La question de la représentation constitue ainsi le propos central de Cocagne d’Emmanuelle Vo-Dinh. S’inspirant de sources iconographiques marquantes, elle convoque neuf personnages pour composer de grandes fresques vivantes dans une frontalité toute picturale.
Par l’éclosion d’une danse sensible aux moindres détails informatifs en même temps qu’attentive à transmettre un engagement affectif, elle rassemble, comme dans un seul instantané, une image symbole de toute une situation. Là, les corps peuvent fondre en une seule unité narrative la multiplication des plans et la variété des points de vue. Mais ce lieu de fantasmes, où le réel est sublimé, où rire et tragédie se confondent, n’est-il pas celui de la création artistique où se déploie notre encyclopédie fictive des passions ?
Musique : David Monceau, Emmanuelle Vo-Dinh.
Temps d'échange avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation du 13 février 2019.
1, Place du Trocadéro 75016 Paris