Note d’intention de l’auteur
Le synopsis de la bataille en question
Note d’intention du metteur en scène
Extrait
"C'est une histoire de famille, l'histoire d'une belle, grande et grosse famille (La mère contre Dieu, la bonne contre l'Amour et le père contre la Souveraineté) avec du sang, des larmes, du sperme, de la fureur et des légumes (l'éthique est en effet une diététique)." A.Jugnon
"Dans En ordre de Bataille, il y a de tout pour faire un monde : « père et mère », « bonne et fils » et Georges Bataille.
Georges Bataille est le plus grand de tous les philosophes : divin contre Dieu, amoureux contre l’Amour, souverain contre la Souveraineté. Georges Bataille est caché dans cette pièce de théâtre, cette pièce de théâtre est dans Georges Bataille. Car il y a de la place pour vivre, habiter et penser à l’intérieur de Georges Bataille. Il y a, de fait, toute une famille qui vit là, chez Georges Bataille.
C’est donc une histoire de famille, l’histoire d’une belle, grande et grosse famille (La mère contre Dieu, la bonne contre l’Amour et le père contre la Souveraineté) avec du sang, des larmes, du sperme, de la fureur et des légumes (l’éthique est en effet une diététique).
Dans cette pièce de théâtre, pour résumer, le matérialisme est vivant, il est hygiénique, gentiment athée et grossièrement moral. On ne saurait parler à moins des familles de France. Comme de bien entendu."
Alain Jugnon
- Un prologue dans le placard qui me contient.
- Un pique-nique en plein soleil qui installe Papa, Maman, la Bonne et Moi.
- Un canapé et télé du soir avec Papa et Maman (Moi derrière le canapé).
- Au lit, La Bonne et Moi.
- Au salon à la maison, Papa et La Bonne (Moi dans le placard).
- A table, Papa et Moi.
- Sous les draps, Moi.
- Après la messe c’est le goûter, il y a Maman, La Bonne et Moi.
- A la cuisine devant des fraises : Maman et La Bonne (Moi dans le placard).
- A la cuisine devant une salade verte, c’est Maman et Moi.
- A la cuisine devant de la viande, on trouve Papa, Maman et Moi.
- Sur un petit nuage, avec Maman (Moi dans de beaux draps).
- Dans la rue des putes : Papa, La Bonne et Moi.
- Aveugle aux WC, c’est Papa (Moi dans le placard).
- Pique nique au soleil couchant, avec Papa, Maman et La Bonne (Moi dans le ciel).
- Sur la route, il y a la Bonne (Moi sur son dos).
"Bataille et sa pensée, celle de Georges, nous guide dans l’appréhension de ce texte. Clarté de chaque fragment comme note de musique, d’une élégante désinvolture, drôle souvent et dont la gravité essentielle se révèle au contact des fragments suivants pourtant tout aussi élégants et désinvoltes que les précédents.
De ce verbe à la forme très juste, nous parlant très directement des fameux secrets de famille, émerge doucement ou violemment, entre rires et larmes, la souffrance de se savoir homme tout en découvrant en nous-mêmes et dans nos proches l’animal le plus banal.
Comment en vouloir à cette mère et à ce père si loin eux-mêmes de tout bonheur ? La vraie vie peut s’éveiller par la volonté de l’imagination qui sait créer les parents de substitution indispensables à sa propre venue au monde : le Baron Rouge, l’aviateur héroïque, Durutti - l’homme à la casquette noire et même Jesus de Los Toros, le torero lumineux.
L’entrée dans une re-naissance peut se poursuivre par la grâce de la générosité de la Bonne qui elle, peut vraiment être bonne."
Gilles Chavassieux
Situation n°4. Papa et La Bonne (Moi dans le placard). Au salon à la maison.
Papa :
"Le ménage est fini ma bonne ?"
La bonne :
"Terminé monsieur, tout est rangé nettoyé plié."
Papa :
"La poussière ?"
La bonne :
"Eliminée."
Papa :
"As-tu pensé à faire la vitrine du bureau ?"
La bonne :
"J’ai cassé le petit chat en porcelaine, je suis désolée."
Papa :
"Viens ici que je te pardonne."
La bonne :
"Monsieur vous me chatouillez."
Papa :
"A propos de l’histoire de ma femme, pas un mot dans l’immeuble. Ce sont des choses qui arrivent. Apprends que le père de ma femme était un défroqué. A ton âge on n’a jamais entendu parler de ces choses n’est-ce pas ? Vois-tu ma bonne cet individu gynécologue de son métier était en fait un curé dévoyé détourné tiraillé par son instinct obsédé par le sexe des femmes. Je t’ai demandé pour la poussière ?"
La bonne :
"Exterminée monsieur; Madame pourtant semble une personne équilibrée."
Papa :
"C’est mon entreprise qui la maintient dans le droit chemin c’est mon travail qui la tenaille car sinon c’est la faille."
Papa :
"Bien sûr oui. Qu’en ressort-il ma bonne ?"
La bonne :
"Monsieur pourtant craint la faillite si je peux me permettre la vente dernièrement de toutes ses parts l’a plongé dans un réel embarras."
Papa :
"Ma bonne ma bonneton esprit toujours m’étonne."
La bonne :
"Cette entreprise d’ailleurs que vous teniez de votre mère euh... de votre père..."
Papa :
"Les deux tu peux dire que je la tenais des deux. Tu n’es pas sans savoir en effet que j’eus une mère jusqu’à mes dix ans qui s’avéra par la suite être un père."
La bonne :
"Le fameux torero de la famille on m’a raconté l’histoire."
Papa :
"Imagines-tu bien ma détresse lorsqu’enfant je compris l’horrible vérité. Ma mère devenait mon père. La maman que je connaissais fée du logis et giron chaud était maintenant ce tueur de taureaux roi de la mort et rouge de sang."
La bonne :
"J’ai pensé que pour le dîner un bouillon ferait l’affaire. La situation est difficile. La guerre continue nous ne mangerons bientôt plus de pain la destruction des campagnes fait rage."
Papa :
"La transsexualité est la plaie ouverte des familles hétérosexuelles."
La bonne :
"A qui se fier ? je vous le demande."
Papa :
"L’inceste lui est le trou noir des familles unies."
La bonne :
"J’ai parlé au petit monsieur."
La bonne :
"Il lui faut mettre le feu dans la maison. Il doit déclencher la guerre chez vous pour pouvoir sortir de son trou."
Papa :
"Tu m’as bien dit que la poussière est faite n’est-ce pas ?"
La bonne :
"Je te le redis mon amour"
Papa :
"Toujours"
La bonne :
"Amour "
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