En quête d'organes

• Un spectacle dont vous choisissez le criminel...

Clara, la trentaine, est un jeune écrivain de thriller qui, pour boucler ses fins de mois, se transforme une partie du temps en animatrice de téléphone rose. Prise au piège de son passé, elle se débat entre des problèmes d’argent, Mme Michelin, une éditrice revêche qui n’a de cesse de la voir écrire toujours plus vite, et Paul, un ex petit ami chirurgien esthétique qui n’a qu’une idée en tête : la reconquérir par tous les moyens.

Yoann, un peu plus jeune, est un étudiant en médecine un rien sans-gêne, qui emménage un beau matin dans l’appartement voisin de celui de Clara. Il est là pour écrire une comédie musicale dont il ne doute pas du succès immédiat, elle a pour titre « Rabbi Jacob Comedy ». Pour cela, il est prêt à tout plaquer y compris ses études ! L’amitié entre eux est immédiate bien qu’unilatérale. Yoann se prend d’amitié pour Clara avec laquelle il se comporte comme s’ils se connaissaient depuis des siècles. Clara ne pense qu’à une chose : se débarrasser de ce voisin à problèmes qui a fait irruption dans une vie déjà bien compliquée.

Une histoire banale en apparence et dont on devinerait tous l’issue, si un tueur en série ne venait pas tout aggraver. Les utilisateurs de la ligne de téléphone rose de Clara sont tués les uns après les autres. La suspicion s’installe. Qui donc peut tuer ces gens et comble de l’horreur, les dépouiller de leurs organes ?

Le « Scalpel », c’est le nom que la presse a donné à ce tueur que tout le monde cherche à démasquer. Personne ne sait qui il peut bien être et pour cause, c’est le public qui vote et choisit le criminel avant le début de la pièce. Le choix est vaste puisque cela peut-être la Joconde, Paul (ex-petit ami de Clara), le père de Yoann, Clara,Yoann, Mme Michelin ou encore Rabbi Jacob.

Tout est possible dans cette comédie où le rire et l’enquête se mêlent pour le plus grand plaisir des spectateurs, qui sont aussi acteurs de cette pièce aux multiples rebondissements.

• Note d'intention

Mon but premier sur cette pièce était d’apporter une vision personnelle du texte tout en ne trahissant pas les auteurs, pousser le jeu des comédiens qui s’étaient écrit des rôles sur mesures, leur faire découvrir d’autres limites.

Rien de normal ou de pré-établi dans cette aventure : les auteurs-comédiens qui choisissent leur metteur en scène, l’histoire d’un homme et d’une femme qui n’est pas une histoire de couple, des meurtres au beau milieu d’une pièce comique.

Un vrai défi de mise en scène qui aurait pu tourner à la catastrophe, les talents sont souvent inégalement répartis et de bons auteurs pouvaient ne pas faire de bons comédiens. Une surprise plus qu’agréable m’attendait aussi bien en qualité de jeu, qu’en qualité d’écoute et de motivation. Nous avions tous une grande envie de porter cette pièce au maximum de ses possibilités.

J’ai souhaité une mise en scène qui ne tire pas la couverture à elle, qui fasse la part belle au jeu des comédiens et au texte. Tout a été mis en place pour que le public s’attache à l’histoire, souvent les pièces comiques ne sont plus qu’une accumulation de ce que les auteurs pensent être de « bons mots ».

Si ici l’histoire nous permet de rire, elle n’est pas seulement un prétexte. Je ne voulais pas qu’en sortant de la salle, le public n’ait rien d’autre à raconter qu’un effet qui l’a surpris, une petite phrase ou un jeu de lumière mais bien un tout.

L’essentiel pour moi est donc vraiment de donner une unité que le spectateur appréciera ou non en fonction de sa sensibilité mais qui ne devrait en aucun cas le laisser indifférent.

Colomba Marchetti