Une femme dans un vestiaire dhommes, cest comme une grenade dégoupillée: vous avez dix secondes pour la jeter avant que tout explose. Surtout avec un match de football décisif sur le point davoir lieu, un mari - capitaine de léquipe - plus motivé pour sépuiser sur le terrain que dans le lit conjugal, le meilleur ami du mari - gardien de but - devenu lamant de la dame, et larbitre du match bien décidé à le devenir...
Depuis quelques années, lidée de situer une pièce de théâtre dans lespace fumeux dun vestiaire de foot trottait dans ma tête. Une ambiance provinciale, masculine, chaleureuse, pudique. Et drôle ! Avec ses mini drames, ses réflexions machos et ses règlements de compte...
Voilà une comédie clin dil, prétexte au comique de situation. Ni racolage, ni caricature. Juste une histoire dhommes et de femme, un humour souvent dévastateur. 4 personnages vont ainsi apprendre à se révéler, à se dévoiler, à saffronter et à saimer dans un cadre insolite : les vestiaires.
Dans footeur de merde !, le public vient voir des mecs en short. Ambiance surchauffée assurée. Le cliché espéré est au rendez-vous. Mais les états dâmes des uns et des autres, larrivée de " la femme " dans cet univers macho, lintrusion dun arbitre footeur de m..., la tension à lapproche du coup denvoi dun match amorcent le début dune toute autre entreprise. Avant dêtre footballeur de province, avant dêtre sportif, avant dêtre grande gueule, ce sont des Hommes, avec leurs fêlures, leurs rêves, leurs désirs, leurs hypocrisies, leurs drames intimes...
Des petites touches de gravité apparaissent ainsi de temps à autres, dune manière inattendue. Dans la vivacité de certains dialogues, elles apportent une respiration, une émotion qui enrichissent la comédie. Progressivement, elles annoncent le dérapage final. Dans la bourrasque drolatique des répliques - qui fusent - les personnages existent, grandissent. La recherche du bon mot ne tourne pas à vide.
Bien sûr, les dialogues ne sont pas toujours taillés dans la dentelle mais ils sont en revanche désamorcés par la réelle dimension humaine des protagonistes, par leur détresse affective ou sociale. Le rire ne se fait-il pas toujours aux dépens dautrui ? Et cette vérité nempêche pas le respect, voire la compassion.
Un dernier mot sur la violence. Elle est présente. Certains mots sont durs. Et font mal. Cest aussi la raison pour laquelle tout le monde attend des éclats physiques qui tardent à se manifester. Jusquau feu dartifice final.
Grégoire Aubert
14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris